Lucian penchait la tête sur le côté tout en souriant toujours. On dirait qu'il souriait tout le monde, comme si c'était sa façon d'être. Naturel. Je redressais ma tête sans cesser de le regarder.

▬ «“Et bien … il me tarde de découvrir cela dans ce cas. Que faisons-nous à présent ?»

C'était la stricte vérité et à vrai dire j'ignorais si Daisy m'appréciait réellement ou si elle faisait semblant. Je ne le savais pas et à vrai dire je m'en moquais. Elle était ma domestique et repêcher par mon père lorsqu'elle n'avait plus rien devant elle. Elle lui était redevable d'une certaine manière. Elle aurait pu refuser de me suivre, mais une Lady sans domestique ? Pas vraiment. Je soupirais silencieuse face à la question de Lucian. La question qui tue : Que faisons-nous à présent?

▬ «En principe cette journée avait pour but de m'aider à avoir diverse idée pour mes prochains chapitres, mais ma boîte à idée est plus fonctionnel la nuit. Rentrons, je commence à avoir faim.»

Oui et le goûter s'impose. Une bonne tasse de thé avec de quoi grignoter ou même un simple repas, je m'en foutais, je voulais juste manger quelque chose. Plus tard les idées. Je tournais les talons lui faisant signe de me suivre. Enfin, s'il désirait de me suivre. Il était certes mon démon, mais il n'était pas mon esclave, mais un ami... Un peu étrange, mais bon, qui suis-je pour juger ? Pied devant l'autre, je faisais le chemin du retour tout en cherchant une calèche qui allaient nous conduire jusqu'à la maison située en campagne. Si je trouve une calèche disponible. Quand soudain je m'arrêtais. Mon regard était captivée par quelque chose, une situation que l'on pourrait qualifier de banal, mais ça l'avait un don d'attirer mon regard. Un vol. Comment le voleur allait-il s'y prendre pour profiter des biens volés ? Comment se sentait-il ? Il n'avait tué personne et pourtant un policer était sur le coup. Ah, ce sentiment.

▬ «Je me demande comment cette histoire va se finir... Le voleur aurait dû être plus prudent voir plus stratégique.»

Aurais-je fait mieux ? Probablement que non, mais je ne suis qu'une simple écrivaine. Je ne volais pas. J'écrivais, mais j'imaginais bien le sentiment qu'il pouvait éprouvé. J'esquissais un doux sourire tandis que le voleur s'éloignait. La justice n'était pas très loin de lui. C'était moins captivant qu'un meurtre, mais ça suffisait pour me rassasié.

Je sens la présence de Lucian s'approcher et se pencher à mon oreille. J'eu un léger frisson, pourquoi frissonnais-je ainsi ? Je l'ignore... Juste parce que je n'ai pas l'habitude que quelqu'un se tienne aussi près de moi. Pas que ça me rend mal à l'aise, mais on pourrait très certainement dire ça.

▬ «Dois-je aller le chercher pour que vous l’interrogiez vous même ?»

▬ «Quoi?» demandais-je en signe d'incompréhension.«Non... Pas besoin d'aller le chercher, je me posais juste la question, c'est tout.»

Lucian n'allait pas comprendre. Personne ne peut me comprendre. Je suis un bouquet mystère à ce sujet. Qu'est-ce que je ressentais... On dirait que je n'ai pas de sentiment et pourtant j'en ai. Je suis sensible même si les gens ont un doute. On dirait que mon personnage me rentre dans la peau. De plus en plus je ne me reconnaît plus. Parfois je me fais peur. Parfois en me regardant dans le miroir, j'ai envie de le briser en mille morceaux.  

▬ «Le vol n'est pas ce qui m'attire, je préfère largement une scène de crime. L'imagination rien que d'en voir une ... Ce sang... L'expression faciale de la personne morte... Le sentiment qu'éprouve le meurtrier. Quel est son passé, pourquoi tue-t-il ces personnes ? Quel est son but ? À quand sera-t-il satisfait ? C'est ça qui m'anime, mais parfois je m'y perds. Je... je me perds, comme si je perdais ma propre identité. J'ignore comment faire la différence...»

Je baissais mon regard vers mes mains imaginant le pire. Si je me perds totalement, si je confond mes pensées à la réalité je pourrais devenir mon meurtrier. Je pourrais faire du mal à mes proches sans le savoir. C'est stupide n'est-ce pas ? Un écrivain ne peut pas se perdre entre la réalité et la fiction, pas vrai ? Il ne peut pas "incarner" son personnage sans s'en rendre, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais été comme ça, sauf depuis la mort de ma mère. L'élément déclencheur. Je secoue discrètement la tête avant de glisser mes mains dans mes poches reprenant quelque peu mes esprits.

▬ «Nous pouvons y aller...»

Je continuais mon chemin en compagnie de Lucian. Je trouvais une calèche qui nous amènerais à mon chez moi, à la campagne. J'indiquais la destination au chauffeur tandis qu'il fit signe à ses chevaux d'avancer. Je porte mon regard en direction de Lucian. Que faire ? Que dire ? Y'avait-il autre chose que je voulais discuter ?

▬ «Suis-je étrange ?» demandais-je gardant toujours mon regard au siens.«D'après toi, je veux dire... Je sais ce que les autres penses de moi, mais je serais curieuse de connaître le tiens.»

Un sourire s'étirait à nouveau sur les lèvres de Lucian. Si j'aurais compté le nombre de fois qu'il a sourit ainsi... Pas que ça me déplaît, mais est-ce la réaction que tous les démons doivent afficher ? Est-ce ma question qui le fait sourire ainsi ? Pourtant c'était la vérité... Je voulais connaître son point de vue, était-ce mal ? La noblesse je pouvais oublier, car je connaissais leur point de vue à mon propos. Au fil des années, je me suis habituée à ce genre de comportement. Mon père ne le voit pas, il est trop absorbé par son travail. Mon petit frère, lui, me déteste au plus haut point. Ça me rend... Malade... Me concentrant à nouveau sur le présent, Lucian se penchait à nouveau vers moi. Cette habitude aussi qu'il a à se pencher. Le contact humain, je n'y connais plus.

▬ «Je vous trouve … intrigante. Vous êtes différente, autant des miens que ceux que j'ai connu avant vous.»

▬ «Intrigante, dis-tu...» murmurais-je doucement tandis que je levais mon regard vers lui.«Différente, je peux comprendre, mais intrigante... Peut-être que je ne me vois pas assez et que je m'arrête aux critiques que l'on me donne depuis que je suis toute petite.»

Pour dire que je n'ai pas d'amis. Je suis seule et autant pour moi, car je ne saurai gérer ce genre de relation. Je suis comme ça, c'est à prendre ou à laisser. Je détournais mon regard pour regarder le paysage. Ce qui est sûr, c'est que nous quittions la ville pour nous rendre à la campagne. Endroit éloigner de toute civilisation. Il y a peu de gens qui vivent dans cet endroit à part les fermiers et quelques nobles qui possèdent une grande propriétés dans ce genre d'endroit. Pour être au calme. Oui, oui, certains nobles possèdent deux propriétés pour avoir la paix.

Je glisse une mèche derrière mon oreille observant toujours à l'extérieur et ce durant tout le trajet. Nous approchons de la maison de campagne. Daisy, était-elle présente ? Comment allait-elle réagir face à la présence de Lucian ? Devrais-je cachée la nature de Lucian ? Qui sera-t-il à ces yeux ? Tant de question sans réponse pour le moment. Je tournais légèrement mon regard vers Lucian avant d'inspirer silencieusement.

▬ «Concernant Daisy, doit-on lui cacher le fait que tu sois un démon ? J'imagine que c'est mieux qu'elle ne le sache pas...» je me tus quelques secondes avant de reprendre. «Et quel genre de relation doit-on entretenir ? Je veux dire... Je ne peux pas lui dire que tu es un domestique, car c'est faux... As-tu une suggestion, toi qui a de l'expérience en ce genre de chose.»

Effectivement, puisqu'il y a eu d'autres contrats avant moi. Il devait certainement savoir comment faire ou même avoir une solution face à ce problème. Ce n'était pas un énorme problème, mais je ne pouvais pas non plus lui ordonner des choses... C'est impossible puisque je le considère comme un ami, ça va à l'encontre de notre "relation" de base. S'il a une solution, je suis preneuse.

À ce même moment, la calèche s'arrêtait. Nous étions arriver à destination. La maison de campagne des Hills qui était toujours en très bon état et occupé par moi. Daisy ne m'attendait pas, heureusement. Elle était certainement à l'intérieur entrain de faire... je-ne-sais-trop-quoi. Le cocher vint ouvrir la porte et je descendis de la calèche suivit de Lucian. Je remerciais le cocher d'un signe de tête avant qu'il reparte vers la ville. Je m'avançais de quelque pas avant de m'arrêter pour me retourner vers Lucian.

▬ «C'est ici. C'est pas très grand, je l'avoue, mais c'est mieux qu'un grand manoir ayant des couloirs sans fin.»

Ce qui était vrai, je n'étais pas une adoratrice des couloirs sans fin. J'aimais bien le manoir des Hills, mais il était trop grand et trop de domestique. Les regards posés sur moi, je détestais. J'avais l'impression que l'on me jugeait constamment et ce n'était peut-être pas le cas. Je m'imaginais des choses puisque j'étais une enfant aux imaginations débordantes. Avant que je n'ajoute quoique ce soit, la porte de la maison s'ouvrait sur Daisy qui me souriait avant qu'elle dirige son regard vers Lucian. Elle ne perdait pas son sourire pour autant, réaction étrange de sa part.

▬ «Daisy ! Je te présente Lucian, un ami à moi.»

Elle se poussait de la porte pour nous laisser entrer. Elle fermait la porte une fois que nous étions entrés et au chaud. Je retirais mon manteau et invitait à faire de même pour Lucian, après tout s'il voulait le garder c'était son choix. Le porte-manteau était là pour ça.

▬ Je vous fais du thé, Lady Leslie ?

Je hochais délicatement la tête et je me dirigeais vers le salon avec mon invité, si je pouvais l’interpeller ainsi. Je l'invitais donc à prendre place sur le canapé ou le fauteuil, il avait le choix puis vint m'asseoir sur le canapé.

▬ Désirez-vous du thé également, Mr. Lucian ? Je peux vous faire autre chose, si vous voulez, vous n'avez qu'à me le dire.