Slightly Chipped Full Moon est un forum rpg basé sur l'univers de Kuroshitsuji par Yana Toboso. Le contexte est évolutif nous nous basons sur les actions de nos joueurs pour l’histoire de notre forum !
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Black Butler : Slightly Chipped Full Moon
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On dit parfois qu’aider les autres revient à s’aider soi-même. C’était au final sans doute la raison pour laquelle il avait tant envie de s’investir dans cette nouvelle mission. Cela aurait pu être une idée idyllique, folle, ils pourraient rencontrer des obstacles, des difficultés, des personnes réticentes à leur idée, peu lui importait en réalité en cet instant. Ils étaient tout deux dans cet élan d’espoir, de création, et l’envie d’aller de l’avoir. De passer ce traumatisme et d’apprendre à vivre avec, d’en faire quelque chose de beau et de grand.
Il ne se sentit pas gêné de cette main jusqu’à ce qu’elle quitte la sienne, se rendant compte un moment quel avait été leur proximité. Et alors qu’elle parlait de sa condition en tant que femme il comprenait à quel point cela aurait pouvait être un fardeau également pour elle aussi, d’avoir la vie toute tracée par les autres, par les conventions sociales. Avoir des enfants, c’était ce que tout le monde demandait aux femmes... une vision du passé, Jonathan avait toujours été tourné vers l’avenir. Il comprenait donc à quel point le monde pouvait être cruel. Pourquoi une femme ne pourrait pas faire d’étude pour devenir médecin par exemple ? Pourquoi devaient elles se contenter d’être mères ? Alors qu’une femme était couronnée reine à la tête de se pays. C’était à n’y rien comprendre. Et pourtant, il était d’un milieu pas très ouvert sur le sujet. Mais il avait appris à avoir un avis tranché sur la question : les femmes avaient autant droit que les hommes d’être libre de leur vie. Une pensée moderne qui lui valait pas mal de brimades et de moqueries par la plupart des gens, mais c’est ainsi qu’il pensait.
Alors il la comprenait. Si c’était ce vers quoi elle aspirait, alors pourquoi elle ne pourrait pas faire ce qu’elle souhaitait ?
En tout cas, elle pouvait compter sur lui pour la suite. S’en était certain.
« Yes, of course. I’ll come with you tonight and you will show me.»
Chasser. Cela lui paraissait totalement surhumain de faire une telle chose, il n’avait jamais apprit à faire un truc pareil. Il n’avait pas trop le contact avec les animaux ordinaires, non plus. Mais après tout... elle avait raison, il fallait qu’il apprenne à survivre désormais. Il s’adapterait. Si c’était pour ce soir, alors il n’avait pas de raisons de craquer avant, pas vrai ? Il pourrait attendre autant de temps. Il devait simplement rentrer puis la rejoindre ce soir, quand le soleil serait le moins dangereux pour eux.
Ils étaient nocturnes, enfin c’est ce qu’il imaginait. Ce ne serait pas trop dérangeant pour lui, il avait déjà l’habitude d’être en décalage avec le reste du monde...
Il termina son thé, avant de la remercier pour l’invitation. Puis lui demanda congé, tout en lui promettant de revenir pour ce soir. Où ils auraient tout le temps de plus discuter et surtout de trouver un lieu pour leur nouveau projet.
Aurait-il été en droit de refuser une telle proposition après tout dans sa position ? Elle semblait être la seule en mesure de pouvoir lui venir en aide, lui apprendre ces choses qui faisaient maintenant parti de lui, tant de choses qu’il ignorait encore, puis sachant qu’il n’était peut être pas le seul à expérimenter cette nouvelle vie déstabilisante, à être rentrée dans ce nouveau monde, ce nouvel aspect de la réalité ; il ne savait que trop à quel point l’ont pouvait se perdre, errer à essayer de comprendre. Personne ne pouvait rester insensible à cette douleur, surtout qu’il la connaissait. Il ne pouvait la laisser accomplir non plus cette tâche seule. Si c’est une communauté dont ils parlaient, alors il devait essayer d’en faire parti. Aide ton prochain, ton prochain t’aidera. C’était souvent ce qu’il avait entendu, mais il n’avait jamais eu l’occasion d’y participer. C’était le moment tant attendu, il pouvait se défiler. Il pourrait faire enfin parti d’une chose plus grande, plus importante.
Elle sembla particulièrement sensible à son choix, tant qu’elle vint doucement serrer sa main. Il n’était pas habitué à tant de sentiments, de témoignage d’affection, enfin, seulement de ses sœurs et sa mère, mais voilà bien longtemps qu’il ne les avait vu. Il les avait fuit. Il y a des années, il avait couru loin très loin pour parcourir le monde, les rêves pleins la tête. Il regrettait. Amèrement. Qu’il avait été idiot de croire que le monde pourrait l’accueillir. Que ses ambitions seules pourraient le mener loin et faire de lui le meilleur inventeur du monde. Qu’il avait été sot et fou, égoïste. Il rêvait de revoir son foyer, en cet instant plus que tout. Il serra lui aussi cette main qui s’offrait à lui.
Le rêve de rejoindre un nouveau un foyer. Une famille. C’était bien ce qui l’animait en cet instant. Et l’encourageait à renouveler sa proposition. Surtout sachant qu’elle avait peut être déjà une idée de lieu à proposer pour un refuge.
« Yes. I’m sure. »
Il était quelqu’un de manuel, pratique, assez intelligent pour prendre des décisions ou trouver des solutions pratiques, il savait qu’il avait tout à donner et qu’il pouvait servir à quelque chose. C’était de toute façon la seule chose qu’il possédait, puisqu’il n’avait pas la moindre économie. Il donnerait de sa personne pour tout construire avec elle, avec ces gens qui se perdait dans la noirceur et la violence. Il ferait tout pour les empêcher de sombrer dans la folie.
Après tout si les contes et les légendes de leur enfances, les histoires effrayantes qui étaient racontés aux mômes pour les éduquer étaient vraies, si les vampires existaient, ils devaient en effet être dotés de quelques pouvoirs non négligeable que les humains devaient totalement ignorer. Il avait remarqué, que sa vue, son odorat, en fait tout ses sens avaient été décuplé, et c’était la première chose avec laquelle il avait dû apprendre à revivre. Heureusement pour lui, il s’avéra en réalité bien plus doué à évoluer que d’autre. Le progrès et l’avenir, le fait d’avoir vécu dans un environnement plus dur, d’avoir perdu des privilèges, ou ne jamais les avoir connu peut-être, lui donnait au moins l’avantage de pouvoir s’adapter. Peut être qu’il en ferait de même avec le reste, et qu’il apprendrait très vite à être différent. A se servir de pouvoirs. Selon elle, ce ne serait pas le cas.
La puissance d’un vampire résidait dans son âge. Autant dire qu’il devait avoir la force d’un nouveau né pour le monde des vampires. Après, il ne courrait pas auprès de ce genre de chose. La puissance et le pouvoir, ce n’était vraiment pas vers quoi il tendait. Il laissait cela au personne qui se posait naturellement en leader. Il n’en était pas un, et ne le serait sans doute jamais. Le seul et unique but pour l’instant qu’il avait en tête, c’était surtout la survie. Alors, si des pouvoirs l’aider dans cet entreprise, il était preneur. Mais il savait qu’il ne s’en servirait jamais pour faire du mal à quelqu’un... ce n’était pas dans sa nature. Il en était persuadé. Il semblait d’ailleurs très important de continuer à garder son humanité pour ne pas se faire éliminer.
Il comprenait d’un coup beaucoup plus ses inquiétudes concernant celui qui l’avait transformé. Si une créature utilisait ses pouvoirs pour le mal et attirait l’attention, tous les vampires bon ou mauvais étaient menacés. On ne pouvait laisser des actes impunis, c’était certain, mais il ne se sentait pas l’âme vendetta ou de devoir lui même s’occuper de ce problème ... il n’était rien après tout, si ce vampire était puissant ... il n’avait pas moyen de se souvenir, et refusait un peu de se rappeler inconsciemment.
Il vit qu’au fil de la conversation cela ne devenait plus qu’un simple échange de banalité qui faisait d’eux des vampires, mais d’une véritable inquiétude pour l’avenir des gens comme eux. Surtout si des gens se faisaient transformer de nouveau. Les gens seraient sans doute perdu, comme lui, peut être n’auraient-ils pas de chance eux, qu’ils resteraient dans le déni comme il l’avait fait... qu’ils s’attaqueraient aux vivants.
Il n’eut pas longtemps à réfléchir. Il prit rapidement une décision. Il ne savait pas si c’était sous son influence, si c’était parce qu’il était pour l’instant désespéré et qu’il voyait là de l’espoir. Ou si parce qu’enfin il pourrait se raccrocher à une communauté ... enfin des gens qui lui ressemblerait. Qui savait ce qu’il traversait, qui savait comment vivre avec lui. Comme une famille ... il en rêvait. Depuis toujours. C''est pourquoi il la regarda droit dans les yeux, lui parlant d'une voix profonde et très sérieuse pour qu'elle comprenne qu'il était de tout coeur avec elle dans ce projet.
“ I think I understand that you are saying ... this is not silly, and I want to help you for that. I don’t want people be lost like I used to be. We have everything to learn from you... if you need support, I’m here. ”
Les craintes de Jonathan se révélèrent vraies ; le majordome revint rapidement pour leur apporter le thé demandé, avant même qu’elle ne puisse lui répondre plus précisément qu’un hochement de tête. Il n’osa pas relever les yeux vers ce domestique parfait dans son rôle, fixant pendant le temps du service cette tasse de thé généreusement offerte. Personne ne l’avait ainsi invité à boire le thé depuis sa venue dans la capitale. Il savait la coutume forte de sens. Le majordome ne resta pas plus longtemps, une fois qu’il eut accompli la tâche demandée, une chance car il n’avait pas envie qu’il s’éternise à leur côté où même qu’il puisse entendre la suite de la conversation. Elle semblait avoir répondu à la négative, d’un simple non de tête. Alors si tel était le cas, et comme il le présentait, il leur fallait d’être discret. Il nota cependant lors de sa sortie qu’il n’avait pas écouté un seul instant son cœur battre … boire le sang de Phoenicia avait indéniablement calmé sa soif peur l’heure.
Une fois enfin seul, elle lui expliqua alors tout en buvant son thé que personne n’était au courant ; à part un amour passé. L’intimité et la proximité l'avaient sûrement poussé à révéler son secret, et le résultat était que leur relation n’avait pas duré. Jonathan ne put s'empêcher de penser que cela ne risquerait pas d’arriver avec lui. Il n’avait jamais eu de vraies relations amoureuses. Durable et prospère. En fait, il ignorait tout d’une relation stable. Une chance, du moins, de ne pas être né dans un environnement où les parents vous fiançaient à quelqu’un : du moins il était peut-être parti avant que cela ne lui arrive. L’éternel célibataire ne se risquerait pas à trahir un secret à quelqu’un qu’il aimait. Et elle lui démontra qu’il valait effectivement mieux vivre dans le mensonge, comme il pensait le faire. Comme il le faisait depuis le début. Même lorsqu’il était rentré blessé et couvert de sang chez son hôte, il n’avait rien raconté de son agression à personne. Seul cet étranger dans la rue, était au courant de ce qu’il s’était passé.
Et cela devait en rester ainsi, car elle lui apprit rapidement qu’il existait des humains les traquant : les chasseurs. La personne qu’elle aimait était en réalité un chasseur. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle n’avait pas été tuée juste grâce à ses sentiments, mais s’il existait un groupe de personnes tuant les êtres comme il était devenu… il pouvait être certain que d’autres ne leur ferait pas de cadeau. Ainsi donc, il était devenu une cible à abattre pour quelqu’un… tout cela pourquoi, parce qu’on l’avait agressé par hasard dans la rue? Il n’avait jamais rien choisi, personne ne voudrait d’une telle malédiction, alors pourquoi chercher à le tuer et non à le guérir ? Les extrémistes sont partout, mais il ne pensait pas que des gens étaient au courant de ce côté surnaturel. S’il existait des vampires, qu’est ce qu’il pourrait y avoir d’autre ? Il comprenait mieux la nécessité de rester discret, ne pas se faire remarquer, ne pas laisser des corps traîner derrière lui, et encore moins de s’attaquer aux autres : il finirait bientôt mort. Il pensa alors aux affaires dont on parlait dans les journaux : est ce cela l'œuvre de vampires ? ou d’autres choses ?
Elle le tira de ses pensées lorsqu’elle reposa sa tasse, le bruit de la porcelaine le faisant remonter à la surface, alors qu’il était en train de se plonger dans un flot de pensées angoissantes. Il nota sa remarque : ils avaient besoin de garder leur corps au chaud. C’était un fait qu’il avait remarqué, car ces derniers jours, il avait tout le temps froid; et qu’importe le nombre de couvertures et de vêtements, cela n’y changeait rien. Alors, pour essayer, il leva sa tasse pour prendre à son tour une gorgée. Sentant effectivement le liquide chaud se répandre, comme l’avait fait le sang, dans son corps. Cela réchauffait, mais ne nourrissait pas. Il en était soudainement conscient.
Seul le sang pouvait les nourrir, c’était même une nécessité expliqua-t-elle. Il tourna le regard vers elle alors qu’elle lui racontait. Heureusement, le sang humain n’était pas le seul : il y avait aussi le sang animal. Cela pourrait le préserver de s’attaquer à des personnes. Il n’avait clairement plus envie d’attirer l’attention sur lui, n’avait plus envie de mourir… si des personnes comme lui réussissaient à survivre, alors il devait en faire de même. Il n’était pas nécessaire d’être un monstre. Cela le rassurait énormément, malgré le stress premier de devoir absorber autant d'informations. Pour elle, tout résidait dans le contrôle. Il devait essayer, pour sa propre survie. Il devait se contrôler pour éviter d’être un prédateur, pour ne pas devenir un jour proie à son tour.
C’est alors qu’elle aborda la question qu’il redoutait : comment avait - il bien pu finir vampire ?
Il reposa sa propre tasse, cette fois fuyant son regard. Ce n’était pas de la gêne, il était juste encore sous le choc. Traumatisé de cette attaque, il n’arrivait d’ailleurs pas beaucoup à s’en rappeler. Ou sans doute son esprit ne le souhaitait pas pour qu’il ne s'effondre pas. Il devait se concentrer sur l'avenir. C'est une chose qu'il faisait déjà de son vivant. Passer à autre chose.
“ I don’t know i can’t remember … it’s not important… I have to be a good person, i don’t want to get killed. You talked about capacity… you mean, we have some … powers ? other than hearing and seeing better ? ”
C’est pourquoi il n'insista pas plus lorsqu’elle lui fit comprendre que non, cela ne la gênait pas le moins du monde de l’inviter dans son propre domicile, du moins celui de ses parents. Alors qu’il venait de lui apprendre qu’il n’avait pas de vrai chez lui, son inquiétude fut pourtant sa réaction : comment prendrait-elle l’annonce qu’il n’était qu’un étranger sans droit ni titre sur le territoire anglais ? Même si pour cela pouvait être une terre d’accueil comme l’avait un peu été la France, pour l’instant on ne peut pas dire que c’était un rêve ; une chance pour lui d’être naît allemand et d’avoir des origines russes, car il aurait été d’un autre pays et d’une autre couleur de peau, il aurait été sans doute menacé plus qu’à présent. Seule la pauvreté le menaçait, comme beaucoup d’autres à Londres, et il devait l’avouer c’était aussi par choix de ne pas vouloir exercer un métier qui ne le rendrait de toute façon pas plus riche. Quand on savait que même certains métiers réguliers ne se faisait pas payer plus qu’une livre sterling par semaine pour toute une famille…
Ce qui le gênait en vérité, c’était surtout le contraste entre sa situation et celle de Phoenicia. Pour autant, elle ne lui demanda rien d’autre concernant le fait qu’il n’avait pas de réel toit. Il la remercia intérieurement, car il ne voulait pas s’étendre là dessus. Encore moins avec une dame de son rang, s’il ne se trompait pas à son sujet. Ses manières, sa façon de s’exprimer, au moins elle semblait pleine de bienveillance et de gentillesse, en lui prenant ainsi le bras et cherchant à le rassurer. Il était pourtant quasi certain qu’elle était soit de la haute bourgeoisie soit de la noblesse. Et ce simple fait le l’aidait pas à totalement se détendre à son contact, du moins pas encore. Il essayait au maximum de paraître poli, et de parler au mieux. Que penserait-elle de lui s’il paraissait plus rude et mal élevé ? bon il ne l’était pas, mais ne voulait pas qu’elle pense à tort. Il la suivit naturellement donc, même s’il se demandait si son entourage serait aussi aimable qu’elle. et si cela continuerait dans le futur proche.
Cela ne dura pas très longtemps, le trajet ne fut que de quelques minutes, et une fois devant la demeure des Wynters il comprit qu'il n'était en effet pas très loin de la vérité. C’était un quartier riche, à savoir maintenant s’ils avaient vraiment des titres de noblesse ou s’ils étaient de la gentry, là… en tout cas ils devaient très certainement avoir une grosse fortune pour vivre dans un tel endroit. Il se sentait si petit, si insignifiant, que même devant le majordome il esquissa un simple bonjour, balbutiant, et ôtant son manteau avant d’hésiter à lui tendre… Il était totalement étranger à son concept de servitude, quelqu’un travaillant pour servir les autres, non il n’avait jamais été de ce milieu. Est ce qu’il pourrait un jour l’être, il ne croit pas. Est ce qu’il pourrait être un jour lui serviteur, ça non plus il n’en était pas certain … même contre de l’argent, il pouvait comprendre, c’était mieux payés et on était peut être mieux loti que dans des usines. Mais dans son caractère, il ne se voyait pas devenir domestique; c’était incompatible avec sa nature. On n’aimait pas les gens qui avaient un avis sur tout, et qui ne pouvait s’empêcher de faire des remarques. Non vraiment, il se ferait vite virer s’il essayait.
Il la suivit jusque dans la bibliothèque, venant s’asseoir poliment et essayer de cacher sa gêne alors qu’il se trouvait dans un endroit sans doute très aisé, rempli d'affaires dont il ne pourrait jamais s’offrir, des livres renfermant d’incroyables connaissances. C’était rêvé, mais clairement, il ne pourrait jamais être de ce milieu. Il fixa une horloge devant lui, comme s’il évitait de trop montrer sa curiosité pour le lieu et son émerveillement. Avant de tourner ses yeux vers elle lorsqu’elle le rejoignit et lui posa cette simple question.
La seule chose qui lui vint à l’esprit était cette simple chose : questionnement et à la fois étonnement.
“ Do people know? … around you … that you are a ... blood drinker ?”, sa voix se fit un peu plus faible, car il ne savait pas si le majordome reviendrait avec le thé assez rapidement.
Il avait encore du mal avec le terme vampire. C’était un nom qu’on donnait dans les comptes, mais est ce qu’ils étaient parfaitement similaire dans les légendes ou est ce qu’ils s’en inspiraient uniquement pour essayer de trouver un nom à utiliser; c’était la seule question qui lui venait pourtant, comment faire pour les gens autour d’eux, est ce qu’ils devaient savoir ou est ce qu’ils devaient se cacher.
Si la presse n’en parlait pas, il se doutait bien de la réponse. Mais, il devait savoir. Comment est ce qu' elle faisait. Qu’est ce qu’il était supposé faire ensuite pour lui. Car elle avait l’air de s’en sortir pour le moment.
Maintenant qu’il y réfléchissait, il avait même toujours été un étranger pour sa propre communauté. Pour sa propre famille. Il avait toujours été à contre-courant, à se demander pourquoi les choses étaient ainsi, et pourquoi pas différentes ? Ce monde avait besoin d’être amélioré, mais il ne changeait pas assez vite. Les gens n'évoluaient pas assez vite. Restant profondément ancrés dans les traditions, leur culture, restant réfractaires aux changements, à la progression. Ils ne l’acceptaient que lorsque cela leur donnaient un bénéfice. Comme pour la technologie. Mais pour le reste du monde, ils restaient fermés, méfiants. Reniant tout ce qui étaient en dehors des normes sociales. Il était progressiste, cela ne plaisait à personne. Et ce n’est pas tant qu’il reniait ses racines, mais il souhaitait aller de l’avant. Il souhaitait un monde meilleur. Et malheureusement, il avait dû partir de son foyer. Il avait dû partir de la France, et maintenant … Devrait- il partir de Londres aussi ? Maintenant qu’il n’était plus … un réel humain ? Tout est était devenu pire depuis cette attaque…
Heureusement, il avait parfois rencontré des personnalités qui l’avaient inspiré. Qui lui avait redonné espoir. En ferait- elle partie ? Pouvait-elle vraiment l’aider à trouver sa vrai place ou à l’aider à faire évoluer ce monde ? Il voulu lui donner sa confiance. Elle avait l’air si sûr d’elle, elle n’était pas effrayée par lui. Elle l’acceptait tel qu’il était, bien qu’elle était loin de le connaître. Elle semblait si ouverte. Parfois il fallait apprendre à aller là où le destin vous portait.
“No I … Can’t do this at my place… well … not mine, I … I’m hosted.”
Il cherchait ses mots car l’anglais n’était pas sa langue naturelle, il maîtrisait bien mieux le français quand on y pensait. Ce qui était tout à fait normal, il venait d’arriver en ville il y a quelques semaines. Heureusement qu’il avait une inclinaison naturelle pour les langues, et qu’il avait une très bonne mémoire. Cette mémoire qui depuis d’ailleurs l’attaque semblait … beaucoup plus facile à utiliser. Quelles étaient les capacités qu’il pouvait avoir à présent, il l’ignorait, mais il remarqua qu’il apprenait bien plus vite la langue anglaise depuis et s’en sortait sans doute pas trop mal.
“But I don't want to disturb you at home… are you sure it is not bother you ?”
Il nota qu’elle parlait de parent, et non d’époux. Il ignore à quelle classe sociale elle pouvait encore appartenir, mais il savait d’avance qu’ils n’étaient pas de la même. Il ne travaillait même pas encore, ce qui faisait de lui presque un parasite pour les gens chez lesquels il habitait. Il ne cessait de le lui faire remarquer d’ailleurs. Un inventeur n’a pas d’avenir. Et cela était vrai que bricoler sur des petites inventions ne nourrissait pas. Pourtant, ici, l’heure était à la survie. Il devait apprendre à survivre avec ce qu’il était … Il était donc impératif qu’il en apprenne plus.
Pour autant, si elle était comme lui, elle semblait savoir bien mieux contrôler la maladie. Il osa espérer donc un peu, cherchant à croire un instant que ce n’était qu’un état passager qu’il traversait et qu’il ne serait pas aux aboies de la sorte pour toujours. Il en deviendrait fou. Voire finirait par se faire tuer s’il attaquait les gens de la sorte...
Il devait y avoir une solution. Il existait forcément un moyen pour arrêter cette folie. Quoi que ce soit, il devait trouver un moyen. Quelqu'un sur cette terre savait forcément quelque chose, à commencer par elle. Il fut rassuré par ses propos, il était vrai, elle ne semblait nullement inquiète, bien qu'il l'avait fait souffrir. Il écarquilla les yeux en constatant avec elle que ses plaies se refermaient, bientôt plus aucune trace sur son bras, seul le sang sur leur mouchoir respectif. Elle avait la capacité de se régénérer rapidement, étrangement, cela ne lui était pas inconnu.
Lui aussi ,cette fameuse nuit de l'attaque, il avait été blessé à la nuque, et étrangement plus tard, il n'en restait plus aucune trace. La preuve finale qu'ils étaient tout les deux atteints du même mal, bien qu'il ne l'ignorait plus à présent. Pourtant, les prochaines paroles données lui donnèrent un frisson. Ce mot. Vampire. Il ne pouvait l'accepter, pas vrai ? les vampires n'existaient que dans les contes pour enfant. Il se souvenait, des légendes de son pays natal. La Bavière. Comme tout les enfants, il avait été bercé par du folklore et des histoires. Mais jamais il n'aurait cru un jour que cela puisse faire parti de la vérité. Et si cela était vrai... alors tout le reste l'était aussi. Il avait encore du mal, à l'accepter. Il le refusait depuis des jours. Mais puisqu'il était en face de quelqu'un comme lui ... cela devait être vrai. Il était au bord de la crise intérieure.
Mais il l'acceptait enfin.
Ce qu'il venait de faire n'était pas normal. Et même si cela semblait surnaturel, peut être que derrière le mythe se trouvait une explication scientifique que l'on avait pas encore découverte.
Quant à savoir comment il l'était devenu, il ne se souvenait plus de ce qu'il s'était passé, lors de cette nuit d'attaque. Il avait été si bouleversé que sa mémoire avait vite fait le tri, tant cela avait été traumatisant. Mais au moins, elle confirma que quelqu'un devait en être responsable. Et que quelque chose ne s'était peut être pas passé comme prévu... si seulement il pouvait s'en souvenir.
Il plongea son mouchoir dans l'une de ses poches avant de lâcher son bras, relevant les yeux vers elle lorsqu'elle le fit. Cette offre, était presque inespérée. Quelqu'un comme lui, capable de lui apprendre à se maitriser et éviter les ennuies. Il y avait donc une solution. Et elle le lui offrait.
" Why ...? Why doing this for me ? I'm a stranger."
Elle avait fini par prendre sa main dans les siennes, il ne comprenait pas tellement cet élan de compassion. Ce monde avait été froid et cruel avec lui depuis que sa famille et lui était parti de Bavière, depuis qu'ils avaient fuit la guerre de leur pays. La vie était devenue si difficile depuis. Personne n'était venu leur tendre la main pour de l'aide. Ils étaient venu en France, comme des étrangers. Ils avaient toujours été vu comme tel.
Ce n'était pas différent depuis son arrivé à Londres. Il était tout d'un étranger, dans tous les sens du terme.
Pourtant, ses pas se rapprochèrent d'elle. D'abord lentement comme elle. Puis un peu plus vite. Venant lui saisir le bras pour planter ses crocs et venir boire son sang. Incapable de contrôler sa soif. Se sentant si soulagé d'un coup. Comme si rien d’autre que de venir boire son sang ne pouvait l’apaiser. Pourtant, passé ce court instant d’euphorie enivrante, il sentit que cela laissait place à une envie de violence. Il avait envie de plus. Bien plus. De faire couler le sang à flotter. De faire du mal. D’arracher ce bras avec ses dents. Là tout de suite.
Il ne le fit pas. Grâce à elle. Il se fixait sur sa voix qui l’intimait d’y aller doucement. De se concentrer sur le battement de son cœur... elle semblait parfaitement calme, malgré la violence du geste, malgré la douleur ...
Elle souffrait. Il lui faisait du mal. C’est cette pensée qui le fit sortir de sa torpeur, alors décrochait ses crocs de son bras, respirant calmement tout comme elle. Essayant de reprendre souffle. Baissant les yeux sur cette main qui s’agrippait à lui. Se tendant de souffrance.
C’était ce qu’il était devenu. Un animal. Qui avait juste envie de se nourrir. Mais cela avait des conséquences... il le savait. Encore maintenant, il en avait la preuve. Il ne pouvait se nourrir impunément.
" — I’m... sorry... I don’t want to be ennemies."(Je suis ... désolé...je veux pas être ennemis)
Cela ne servait à rien d’essayer de se confondre en excuses, il le savait le mal était fait. Pourtant, elle semblait avoir le même mal que lui. Les crocs, les yeux. Il redressa son regard sur sa plaie ouverte, cherchant un mouchoir en tissu dans sa poche pour éponger le liquide rouge qui en coulait encore.
" — Do you know ... what disease it is? Is there a cure?"(Savez vous... quelle maladie est ce ? Est ce qu'il y a un remède ?)
Cela était peut être inespéré, à demander, puisque s’il y avait un remède alors sans doute ne serait-elle pas malade. Elle avait l’air d’avoir un niveau et rang social plutôt élevé par rapport au sien... à lui proposer de lui offrir quelque chose à boire, et se balader seule dans une rue pareille.
Pour autant, si elle était comme lui, elle semblait savoir bien mieux contrôler la maladie. Il osa espérer donc un peu, cherchant à croire un instant que ce n’était qu’un état passager qu’il traversait et qu’il ne serait pas aux aboies de la sorte pour toujours. Il en deviendrait fou. Voire finirait par se faire tuer s’il attaquait les gens de la sorte...
Il se fixa en arrêtant d'avancer, la fixant avec des yeux ahuris. Comment pouvait-elle savoir ce qu'il ressentait. Ce dont il avait besoin. Malgré lui, et comme la première fois dans cette ruelle, il commença à paniquer. Il bafouilla un instant, avant de venir reprendre le chemin inverse pour s'éloigner d'elle. Si elle avait fait tout ceci pour l'amadouer et le mettre en confiance, ça l'angoissait...
" — Ich... Let me alone... I don't know what you are talking about..."(Je... laissez moi tranquille... Je ne sais pas de quoi vous parlez...)
Il ignorait le ciel qui était entrain de se couvrir, car l'angoisse commençait à présent à lui battre les oreilles, la seule chose sur laquelle il commençait à se concentrer à présent c'était ce bourdonnement qu'il entendait... devenant de plus en plus un battement. Le battement d'un coeur. Ce n'était pas le sien mais celui de cette jeune femme.
" — Deep down you know what I’m talking about… You just… Ignore it. You ignore the truth. Please don’t run away, I didn't mean to… I didn't… Please…"(Au fond de vous, vous savez de quoi je parle… vous ne faites que… l'ignorer. Vous ignorez la vérité. S'il vous plaît, ne vous enfuyez pas, je ne voulais pas… je ne… je vous en prie.)
Au moment même où elle passa une main sur sa poitrine, il comprit. Ce qu'il était c'était ce coeur. Est ce qu'elle avait conscience de ce qu'il traversait vraiment ? Il ne pouvait le croire. Le bruit s'intensifia, il en devenait fou. Il secoua la tête. Il ne voulait croire tout ça. Il ne voulait pas l'accepter. Malgré ces paroles données. Mais l'entendre dire qu'elle était presque désolée de lui avoir fait peur le fit stopper dans ses pas, il ne reculait plus.
" — Let me explain to you…Who you are… You are like me… Someone attacked you in the night and turn you into a vampire. You need blood to survive, normal food won't satisfy you anymore."(Laissez-moi vous expliquer… Qui vous êtes… Vous êtes comme moi… Quelqu'un vous a attaqué la nuit et vous a transformé en vampire. Vous avez besoin de sang pour survivre, une nourriture normale ne vous satisfera plus.)
L'attaque. Le sang. La violence. La nourriture. Elle avait raison sur toute la ligne, on l'avait attaqué, transformé. Plus rien n'était comme avant. Il ne se sentait plus jamais bien physiquement. Et c'était en cet instant de pire en pire. Tout s'intensifia encore plus, alors que ses yeux ses changèrent, et qu'elle montra les crocs. Il eut peur, de ce qu'il voyait, car cela faisait de nouveau écho à son attaque... est ce qu'elle allait l'attaquer elle aussi ?
Ce n'est pourtant pas ce qu'elle fit ... elle se mordit son propre poignet avant de l'approcher de lui. Faisant des pas dans sa direction.
Un écho terrible résonna en lui. Il sentit le sang, le bruit du coeur de plus en plus fort. Il essaya de détourner la tête pour ne pas regarder, mais il ne pouvait éviter l'inévitable.
" — Don’t you want it…? You can have a sip, I won’t stop you. The desire of blood."(Vous ne le voulez pas…? Vous pouvez avoir une gorgée, je ne vous arrêterai pas. Le désir de sang.)
Elle le regardait déjà de nouveau avec des yeux humains, pendant que cette fois c'était lui qui se transformait. Il secouait la tête alors que des larmes lui montèrent aux yeux. Il voulait le combattre, mais il ne savait pas comment. Refuser ce qui semblait évident. Ses canines s'allongèrent sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit... c'était trop tard. Il respirait fort depuis un moment, semblant de plus en plus agité. La moindre goutte, la moindre trace de sang le rendait dans cet état depuis quelques jours. Mais d'habitude il s'enfuyait assez loin pour l'éviter.
" —This is ... not good..."(Ce n'est ... pas bien)
Pourtant, ses pas se rapprochèrent d'elle. D'abord lentement comme elle. Puis un peu plus vite. Venant lui saisir le bras pour planter ses crocs et venir boire son sang. Incapable de contrôler sa soif. Se sentant si soulagé d'un coup.
Au contraire de lui, cette jeune femme semblait tout à fait enthousiaste. Elle souriant à son adresse, comme pour essayer de calmer ses craintes. Elle ne tarda pas même à venir lui prendre le bras, passant le sien par dessous le sien, s'accrochant à lui. Jonathan ne fut pourtant qu'encore plus gêné, ne sachant pas tellement les us et coutumes de ce pays en matière de galanterie. Il ne savait pas réellement ce qu'il convenait de faire ou non, et cette proximité si soudaine le mit mal à l'aise. Il n'était jamais aussi proche de la gente féminine, à part ses sœurs bien entendu, lorsqu'il était encore en Bavière. Et même s'il avait été abordé par de nombreuses femmes en France, jamais aucune n'avait été d'une bonne famille noble. Il lui semblait que celle-ci était pourtant de ce milieu.
" — Don’t worry about the money, mister Jonathan. I can handle the paiement. Let's go, it's this way." (Ne vous inquiétez pas pour l'argent, monsieur Jonathan. Je peux gérer le paiement. Allons-y, c'est par ici.)
Se faire payer par une femme, il n'avait pas le souvenir que cette situation avait déjà pu lui arriver par le passé. Il était toujours aussi confus lorsqu'elle sembla le mener avec elle un peu plus loin dans la rue, quittant cet abri d'ombre dans lequel il s'était reposé un instant. Jonathan ne connaissait absoluement pas ces quartiers de Londres, et s'en remettait totalement sur elle pour le mener à bon port. Même si, pour être honnête, il se sentait perdu de cette soudaine générosité de la part d'une pure inconnue...
" — If you looking for a job, I can suggest some places… Depends what is your speciality." (Si vous cherchez un emploi, je peux vous suggérer quelques endroits… Cela dépend de votre spécialité.)
Un travail. Oui, il est vrai qu'on lui en demanderait un rapidement. Il n'avait pas d'argent, et il devrait en trouver rapidement un s'il voulait rester sur le territoire. C'était un étranger après tout. Mais s'il devait rester ici et travailler, il devrait aller demander un permi de travail au foreign office... les choses n'étaient pas si facile. En réalité, il voulait inventer des choses. Ne pas être contraint à travailler... mais apparement il n'avait pas le choix. Peut-être qu'avec un peu d'argent il pourrait s'acheter son propre logement. Il hocha simplement la tête. Il n'avait pas de spécialité. Il la laissa détacher son bras d'elle sans la retenir. Un peu plus soulagé.
" — Who am I to talk about work, right?You see… My father work at the bank. I can speak with him to guarantee you a place. If you want of course." (Qui suis-je pour parler de travail, non? Vous voyez… Mon père travaille à la banque. Je peux parler avec lui pour vous garantir une place. Si vous voulez bien sûr.)
La banque ? Etrangement la proposition le fit sourire un instant. Non, la banque, enfin s'il pouvait faire de la paperasse pourquoi pas, et puis après tout, il savait bien compter. C'était gentil de sa part, mais il ne voulait pas lui faire honte si jamais tout ne se passait pas comme il le voulait. Il continuait simplement d'hocher légèrement la tête. Elle changea radicalement de sujet … après avoir prit une inspiration.
" — Pale skin. Heartbeat difficult to hear. You are like me. You want something more than just food. I know what you want, but are you ready to hear the truth ? I can help you, Jonathan. You don't understand, yet, but I can guide you." (Peau pâle. Battement de coeur difficile à entendre. Vous êtes comme moi. Vous voulez quelque chose de plus que de la nourriture. Je sais ce que vous voulez, mais êtes-vous prêt à entendre la vérité? Je peux vous aider, Jonathan. Vous ne comprenez pas encore, mais je peux vous guider.)
Comme elle ?...
Il se fixa en arrêtant d'avancer, la fixant avec des yeux ahuris. Comment pouvait-elle savoir ce qu'il ressentait. Ce dont il avait besoin. Malgré lui, et comme la première fois dans cette ruelle, il commença à paniquer. Il bafouilla un instant, avant de venir reprendre le chemin inverse pour s'éloigner d'elle. Si elle avait fait tout ceci pour l'amadouer et le mettre en confiance, ça l'angoissait...
" — Ich... Let me alone... I don't know what you are talking about... "(Je... laissez moi tranquille... Je ne sais pas de quoi vous parlez...)
Elle pencha la tête, avant de lever ses propres yeux vers le soleil, tout en cherchant à s’en protéger, comme lui-même aurait également fait. Impossible même pour lui de le regarder, sans en souffrir surement. Ses yeux étaient encore injectés de sang par endroit, depuis qu’il s’était fait mordre en réalité, cela n’avait pas tellement changé. C’était seulement il y a deux jours… il fallait peut-être à son corps le temps de se remettre, ou d’assimiler ce qu’il s’était passé. Il n’osa pas relever les yeux, mais garda son regard clair sur la jeune femme, remarquant son léger sourire.
" — Indeed it is... It's too strong for my eyes, sometimes." (En effet, ça l'est... C'est trop fort pour mes yeux, parfois.)
Elle plongea ensuite de nouveau des mains dans ses poches, surement pour les mettre à l’abri de ce froid hivernal qui les assaillait sur Londres. Jonathan étant de Bavière, il avait l’habitude de la neige, ce n’est pas comme s’il y en avait beaucoup en ville, comparé à son village natal. Il arrivait à s’en accommoder plus facilement que le reste des anglais. Et il avait réussi à dégoter un nouveau manteau, plus épais que l’ancien, cette fois-ci. Même si à présent, il avait beaucoup plus de mal à se réchauffer… comme si le froid était imprimé dans sa chair.
" — I forgot my manners. I am Améthyste Weiss, pleased to meet you mister" (J'ai oublié mes manières. Je suis Améthyste Weiss, ravi de vous rencontrer monsieur.)
La jeune femme tendit finalement une main devant elle, vers lui. Comme il avait coutume de le faire, il glissa dans la sienne, furtivement, avant de brièvement la serrer. A Paris, il en avait serré par mal, mais il ne se souvenait pas avoir déjà fait cela avec une femme. En France, il faut dire que c’était une toute autre manière : faire la bise à ces dames n’étaient pourtant pas si facile qu’il y paraissait. Il reprit ensuite sa main, laissant son bras le long de son corps. Essayant de sourire pour paraître convenable.
" — If you want, I know a place to protect us from the sun. We can drink tea or maybe coffee if you prefere. They serve everything you might like." (Si vous voulez, je connais un endroit pour nous protéger du soleil. Nous pouvons boire du thé ou du café si vous préférez. Ils servent tout ce que vous pourriez aimer.)
Jonathan fut ravi quelque part, de découvrir qu’il comprenait la plupart des mots qu’elle prononçait. A croire que c’était là des mots plus proche du français qu’on ne le croyait. Thé. Café. Servir. Il se retrouva pourtant dépourvu à sa demande. Il n’avait pas eu le temps de trouver un travail à son arrivée. Et ses maigres économies avaient fondu bien plus vite qu’il ne l’avait pensé pour ce voyage en Angleterre. Il plongea sa main dans sa poche pour en sortir quelques pennies. Pas assez pour se permettre d’aller dans un salon de thé.
" — I have no money ..."(Je n'ai pas d'argent...)
Et pourtant, il n’en oublia pas non plus les manières. Après tout, elle venait de se présenter, il était naturel de le faire en retour. Même si son expression se faisait à présent plus gênée.
" — I’m Jonathan Engels."(Je suis Jonathan Engels) Halloween
Alors qu'il observait les gens alentours, ne comprenant pas pourquoi il semblait percevoir des choses impossibles, essayant de se rassurer que ce n'était pas leurs coeurs, il vit du coin de l'oeil une jeune femme arriver. Ca ne pouvait pas être cela, pas vrai. Ca ne pouvait être que son imagination et la peur. Il la regarda, alors qu'il détachait sa main du mur qu'il avait choisi pour se supporter un instant.
" — You seem lost. Is it recent?" (Vous me semblez perdu. Est-ce récent ?)
Une chance pour elle. Il avait compris ces mots. Lost. Bien sûr qu'il l'était un peu. Il était dérouté. Pour autant, il avait surement l'air de quelqu'un complètement à côté de la plaque. Le fait qu'il était un étranger sans doute. La jeune demoiselle ne devait pas s'en inquiéter. Il savait à peu près trouver son chemin pour le moment.
Il pensa cela, tout en ignorant la subtilité de ses propos. Et ne pensant pas une seule seconde qu'elle puisse parler d'une quelconque transformation.
" — Ja ... yes. I just arrived in town.... but I can manage. Danke."(Oui ... oui. Je viens d'arriver en ville... mais je peux y arriver. Merci.)
L'espace d'un instant. Il se força à sourire dans sa direction. Est ce qu'il avait l'air malade? Trop ? Il n'avait pas spécialement envie d'aller voir un médecin ... il avait trop peur pour ça. Mais, tiens, à y regarder, elle semblait pâle, elle aussi. Enfin, etait-ce la mode ici à Londres en critère de beauté il ne le savait pas. Alors il ne se posa pas plus de question. Elle devait appartenir à la haute classe sociale, au vu de sa tenue... il ne voulait pas paraître impoli, mais pensait bien que la barrière de la langue allait peut-être poser problème pour bien s'exprimer à une lady...
Quelque chose n'allait toujours pas. Plus les heures passaient, plus il avait le sentiment que cette attaque avait été lourde de conséquences pour lui. Et pourtant. La seule solution qu'il avait adopté face à tout ça, face à ce que cet homme lui avait dit. C'était renier. Ne plus y penser. Essayer de reprendre sa vie là où elle s'était brusquement arrêtée. S'il était malade, s'il devait vivre avec ça. Il n'avait pas à tout abandonner. Et de toute manière, il n'avait nulle part où aller. Rien d'autre à faire.
" — Ich gehe aus. "(Je sors.)
Un inventeur n'a pas d'avenir. C'est ce que n'arrêtait pas de lui répéter l'homme chez qui il hébergeait temporairement depuis son arrivé à Londres. Et puis, les machines. Pourquoi s'y consacrer. Il n'a donc toujours pas compris. Qu'il était prêt à les renier, la communauté et sa religion, pour pouvoir créer quelque chose de nouveau, de meilleur. Non, ses rêves n'intéressent personnes. Ils sont comme son père : te marier et avoir des enfants au plus vite. Et trouver un travail. Ce n'est pas ce à quoi Jonathan aspire. Mais ça, tout le monde s'en moquait.
Jusqu'à ce qu'il n'arrive plus à se contrôler. Il ne savait pas si c'était à cause de son agression. Mais il avait ressenti une telle rage. Une telle colère. Qu'il s'était cru un instant capable du pire... ça ne lui était jamais arrivé. Jamais il n'avait eu de telles pensées de violence. Et sa seule réaction à cela fut la fuite.
Malgré tout ce qu'on lui donnait à manger. Il avait l'impression d'avoir toujours faim. Une drôle d'impression lui tenaillait toujours le ventre. Et en cette journée de grand soleil, il s'aperçut qu'il y était devenu plus sensible ...
A l'abri dans un coin de ruelle, à l'ombre, il regardait les londoniens passer dans la rue commerçante. Ayant la fâcheuse impression ... de ne pas appartenir à ce monde. Et d'être entrain de sombrer malgré lui, dans une torpeur sans nom. Le sang lui battait encore les tempes. Il se sentait faillir.
Il aurait presque cru entendre un instant tout les battements de coeur, autour de lui.
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Sam 22 Oct - 17:21
