J’étais de retour à Londres, blessée au premier abord. Ces blessures se guérissent assez bien, niveau physique, mais la douleur située au niveau de mon cœur, elle, aura du mal à se panser. Mon père, l’homme qui m’a élevé, avait ordonné la mort de ma mère ainsi que de la mienne par des chasseurs. Ce tragique accident s'est produit vers l’âge de mes dix ans. C’est un événement que je n'oublierai jamais. Warren devait payer pour ces torts. Je pouvais comprendre sa rage lorsqu’il a appris que ma mère l’avait trompé avec Joseph, le frère de mon père. Mais ce n’était pas une excuse d’en arriver à une telle conclusion. Mensonge après mensonge. Pourquoi étais-je mêlé à toute cette histoire ? Tout n’était qu’un malentendu.
Warren courait toujours, mais j’ignorais où il était. Je manquais de temps, ça m’enrageait au plus profond de mon être. Pourquoi aurait-il le droit de vivre après tout ce qu’il a fait ? Si je devais périr alors lui également. Il fallait que je le retrouve pour cela, mais où était-il ? Il n’était plus en France, ça c’était une évidence. Alors où ? Je voulais qu’il périsse de mes propres mains, qu’il souffre comme j’avais souffert durant ces années. Il ne méritait pas de vivre. Ressentir son cou autour de mes mains, serrer jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer… Une mort lente, certe… Le plus efficace serait lui administrer l’aconit tue-loup afin de l’affaiblir. Elle se faisait rare… Elle poussait dans les montagnes, avais-je vraiment le temps de m’en procurer ?
Je ne pouvais pas rester longtemps ainsi. Il fallait que j’agisse avant que je ne puisse plus. Mais qui voudrait m’écouter ? J’avais commis des crimes à Londres. J’étais la London Beast et j’avais probablement un surnom de ce genre, mais personne ne savait que c’était moi… Sauf le limier de la reine à cause de Grell. Il avait accusé à tort Michael et Seth. C’était frustrant… Je poussais un soupir et je continuais mon chemin dans les rues commerçantes dans
ma tenue. Oublier l’idée de porter une robe. J’étais loin d’être ce genre de femme surtout lorsque la pleine lune était en approche.
En marchant, je pressentais une présence tout à fait particulière. Elle ne m’était pas familière, mais ce genre de présence… Chaque être en possédait une et même une odeur assez distincte. Mon flair ne me trompait presque jamais. Il y avait un démon. Était-ce rare que j’en croise un ? Oui… Tout comme les autres créatures qui errent à Londres. Je continuais néanmoins mon chemin, une vague de colère m’envahissait et encore plus l’envie de vengeance, d’y goûter pour la toute première fois. Quel goût ça a ?
Je m’arrêtais face à une boutique, effleurant de mon regard la vitrine. J’ignorais ce que je voulais au final, mais je voulais prendre une bouffée d’air loin de la meute. Ils ne me comprenaient pas. Ils ne savaient que se sentir trahis par leur propre sang.
“
Il le payera.” soufflais-je entre mes lèvres.