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Black Butler : Slightly Chipped Full Moon
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« Et c’est pour cette raison Messieurs, que nous pouvons affirmer avec certitude que les créatures de nos légendes existent toutes quelque part sur cette planète. »
Gaspard étouffa un bâillement. Cela faisait plus de trois heures qu’il écoutait son collègue, et concurrent, débattre de l’existence des créatures mythologiques. Après une introduction qui partait pourtant dans le bon sens (De nos jours, il paraît aberrant de croire encore aux remèdes de vieilles femmes et autres fantasmagories…) Sir Edwin s’était complètement perdu dans son délire de créatures qui existaient. Il défendait l’idée que, puisque l’esprit de l’Homme est étroit et encore méconnu, il nous est incapable d’imaginer des choses qui n’existent pas. Ainsi toute idée énoncée a existé, existe ou existera. Et c’est là que les choses avaient commencées à tourner au vinaigre lorsqu’un scientifique avait, pour plaisanté, demandé si cette théorie était une preuve que les loups-garous existaient.
Gaspard avait vite décroché. Il ne s’agissait pas d’une conférence scientifique, basée sur des faits et avec des preuves irréfutables. Simplement un débat d’opinion à la limite un peu philosophique mais sans plus. Bref une grosse perte de temps. Il leva les yeux au ciel en songeant à la dispute qu’il aurait, plus tard dans la soirée, avec son collègue et ami le professeur Storm. C’était lui qui l’avait convié à cette conférence, en lui affirmant qu’elle l’aiderait dans ses recherches. Une nouvelle fois cet idiot lui avait fait perdre son temps. Si encore il était présent à ses côtés pour se moquer ouvertement de toutes ces inepties. Mais non, il l’avait lâchement abandonné sous prétexte que l’on avait besoin de lui ailleurs.
Poussant un soupir de soulagement lorsqu’il entendit les applaudissements de certains et les huées d’autres. Notre savant se leva, il n’avait ni applaudit ni hué. Personne n’avait besoin de connaître le fond de sa pensée sur le sujet, même si beaucoup la connaissaient déjà. Il avait d’ailleurs aperçus quelques scientifiques le montrant du doigt avec un air étonné et amusé sur le visage. Sur que sa présence ici n’était pas habituelle.
Lui qui rejetait toutes ces fables et histoires à dormir debout. Etre obligé d’entendre pendant trois heures que nous ne sommes pas seuls et qu’il existe depuis la nuit des temps des créatures qui ont réussi à échapper à notre vigilance. Tout ceci lui hérissait le poil. Heureusement, comme toujours lors de ces petites réunions, il y avait un buffet gratuit. Gaspard ne prenant pas souvent le temps de cuisiner, cette soirée aura au moins le bénéfice de lui apporter les éléments essentiels à sa survie pour au moins quelques jours.
Il ne s’agissait que de l’entracte. La pause pipi si vous préférez. Pendant que certains se précipitaient vers l’orateur pour lui demander des précisions ou pour l’insulter de tous les noms, Gaspard se dirigea vers la table garnie de petits fours et surtout de coupes d’une boisson alcoolisée. Ce n’était pas du champagne, la conférence n’étant pas assez select pour cela. Mais ce n’était pas mauvais.
Pendant qu’il observait ce petit monde, sa coupe à la main en se demandant ce qui était préférable. S’éclipser au risque que l’on remarque sa disparition et qu’en conséquence il perde les quelques avantages qu’il avait auprès de certains ou rester et subir ce tissus d’inepties pendant encore au moins deux longues heures…
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mar 22 Aoû - 18:39
Comment s’était-elle retrouvée là ? Alors que son regard se portait une fois de plus sur les scientifiques qui emplissaient la salle, Aníka se fit pour la énième fois cette réflexion. Rien n’aurait pu lui indiquer que, peu après son arrivée dans la capitale, la jeune femme se retrouve dans un tel évènement. Une affiche avait attiré son regard, dans la rue juste devant un bâtiment dont la porte était fermée. Le nom du conférencier ne lui disait rien –après tout, c’était en passant devant Buckingham qu’elle avait appris que l’Angleterre était en réalité une monarchie, mais le mot "surnaturel" avait piqué son attention. Aníka savait à peine lire l’anglais ; déchiffrer chaque mot était pour elle une épreuve. La nécromancienne n’avait de même aucune connaissance de la science ou des abysses de la linguistique. Quant à la philosophie, qu’était-ce ? Non, décidemment, toutes ces choses que le monde semblait élevé au-dessus de l’Homme lui étaient totalement inconnue. L’islandaise n’était pas une idiote ; son champ d’expertise était seulement différent. Et elle était avide de connaissance, et de connaitre ce monde qui s’était refusé à elle durant vingt-quatre ans.
C’était donc devant cette porte qu’un scientifique, sans aucun doute invité à cette même conférence, l’avait trouvée. Il avait pris le fait qu’elle regarde fixement l’affiche pour une curiosité avide. S’il y avait beaucoup de ça, c’était également car elle tentait de déchiffrer un mot qui lui était inconnu. Presque aussitôt, et après avoir hoché simplement la tête par politesse –elle n’avait pas écouté sa question, Aníka s’était retrouvée propulsée au milieu de ces hommes. L’idée que l’inconnu –quel était son nom ? William ? Willem ? veuille par ce biais lui montrer un quelconque intérêt romantique ne l’avait pas effleurée. C’était pour elle une preuve de gentillesse ; et elle prenait cela naïvement. De ce qu’elle savait de l’amour, cela était violent et faisait mal. Une main prenant délicatement la sienne ne pouvait avoir ces intentions. Bien que le contact l’ait effrayée, au départ. Mais elle avait pris sur elle, et suivit simplement ce sourire aimable.
…grossière erreur. Il y avait une chose qu’Aníka craignait presque autant que l’eau, et c’était les hommes. Si faire face à un individu comme plus tôt était pour elle gérable, et qu’elle s’appliquait à s’y habituer, se retrouver serrée au milieu de tant de gens était une véritable torture. Comprenant que partir serait mal pris, et plus que désireuse de s’intégrer et commencer sa nouvelle vie, la jeune femme était cependant restée. Légèrement recroquevillée sur elle-même, et ignorant les nombreux regards curieux qui se portaient parfois sur elle. Certains murmuraient entre eux –qui était cette femme ? Une scientifique ? Jusqu’à ce jour, jamais Aníka n’avait su que ce mot pouvait désigner métier. Cependant, elle prenait bien garde à se taire. Tous ici semblaient si cultivés qu’elle avait honte de son ignorance.
Au final, pour oublier son anxiété, la fille de Hel s’était concentrée sur le sujet de la conférence. La thèse de l’homme. Suivre le flot de paroles d’une unique personne durant trois heures était épuisant, mais elle faisait de son mieux. Les propos du conférencier lui semblaient aberrants pour certains, cependant elle ne pouvait être qu’en accord avec lui lorsqu’il affirma l’existence de toutes créatures surnaturelles. Oui, les loups garous existaient, bien qu’elle n’en ai jamais vu jusque-là. Les démons également. Cela… elle pouvait en attester. Elle en gardait les stigmates. Une vague lueur triste passa dans son regard lorsqu’elle entendit l’homme qui l’avait entrainée se moquer. Ainsi, les Hommes trouvaient ces opinions impopulaires. Elle ne pouvait pas les en blâmer. Le monde réel était bien trop effrayant.
« Et c’est pour cette raison Messieurs, que nous pouvons affirmer avec certitude que les créatures de nos légendes existent toutes quelque part sur cette planète. »
A ces mots, la salle fut prise d’une certaine agitation qu’Aníka ne comprit pas. Tous se levaient, mais personne ne quittait la salle. Etait-ce seulement une pause ? Se levant à son tour, la jeune femme poussa un soupir de soulagement. C’avait été long –trop long. Elle avait perdu le fil plus d’une fois. Sans remarquer le geste de son "hôte" vers elle, pour lui intimer de l’accompagner, l’islandaise se retourna et se mit à marcher un peu dans la salle. Au loin, elle voyait le conférencier, engagé dans un débat animé avec plusieurs collègues. Elle aurait voulu aller le voir pour discuter de certains points de son discours qui l’avaient interpellée, mais la jeune femme ne s’en sentait pas le courage. C’était à peine si elle osait poser les yeux sur cette foule d’inconnus. Ils étaient tous si savants dans ces sujets qu’elle découvrait juste –la sorcière se sentait comme une enfant.
Se rapprochant du buffet –sans toucher à rien cependant, elle avait bien trop peur de commettre un impair, Aníka se heurta à un homme. Ses pensées l’avaient perdue, et désormais l’étrangère ne savait plus où se mettre. Elle buta sur ses mots, son anglais devenant catastrophique alors qu’elle paniquait, le teint pâle de ses joues devenu cramoisi.
« Afsakaðu ónæðið ! Ég- Je-… je suis désolée, pardon… »
Mordant légèrement sa lèvre inférieure, l’attention que l’usage de sa langue méconnue avait suscité ajouta à son malaise. Quelques personnes les fixaient désormais ; il faut dire qu’elle n’avait pas tellement la tenue d’un scientifique, avec cette robe longue et cette veste rouge… assez semblable à celui colorant ses joues, désormais. L’avait-elle embarrassé devant ses collègues ? Aníka étouffa un bâillement, le regrettant aussitôt. Quelle façon de se comporter ! Elle avait si honte qu’elle n’avait pas osé lever les yeux vers son visage…
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mer 23 Aoû - 18:03
Il était tranquillement en train de siroter sa coupe d’alcool alors qu’il se fit percuter. Enfin, bousculer était un terme plus approprié puisque que liquide de couleur or avait à peine tressailli dans la coupe. Il baissa les yeux vers la source de ce désagrément et un sourire délicat fleurit sur ses lèvres lorsqu’il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas d’un énième lourdaud prêt à lui tenir le grappin pour n’importe quelle raison.
Au lieu d’un lourdaud, c’était une femme, jeune et visiblement très mal à l’aise. Elle commença à s’excuser dans un dialecte que Gaspard n’avait pas pratiqué depuis un moment. Levant la main qui ne tenait rien en l’air, en signe d’apaisement, il murmura d’une voix douce.
« Það er allt í lagi að viðurkenna það »
Son sourire avait atteint ses yeux alors qu’il la détaillait, se demandant un instant ce qu’elle faisait ici. Les femmes n’étaient pas interdites lors de ces réunions contrairement à d’autres endroits bien plus selects où leur présence n’était tout simplement pas envisageable. Gaspard, lui n’avait aucun problème avec le fait que les femmes lisent et commencent à débattre voire même qu’elles aient des idées. Après tout, elles étaient munies d’un cerveau comme les hommes. Peut-être un poil plus petit mais il était évident qu’elles avaient un sens pratique et des qualités que certains hommes n’atteindront jamais. Il était temps que les choses changent.
Il se redressa légèrement pour fixer sans broncher les quelques personnes qui n’avaient encore rien trouvé d’autre que de les scruter. Il attendit simplement qu’ils détournent le regard et reprennent leur discussion, légèrement embarrassés. Peut-être parlaient-ils de cette étrangère si rouge. Quoi qu’il en soit c’était avec lui qu’elle se trouvait à l’instant même. Et Gaspard n’avait aucune envie de la laisser partir. Elle offrait un divertissement à cette soirée si ennuyante.
« Saviez-vous que le rouge attire la convoitise et ravive les passions ? »
En rapport avec sa tenue et le rouge de ses joues. Il se demanda un moment comment une personne pouvait rougir autant. Et quelle serait sa couleur si elle se trouvait vraiment dans l’embarras. Mais il ne voulait pas lui imposer une gêne plus grande. Si elle faisait un malaise juste devant lui, il serait bien embêté. Tout le monde ici savait qu’il avait échoué plus d’une fois en médecine et s’il était parfaitement capable de gérer un malaise il entendait déjà les quolibets et ricanement de ses confrères.
Il n’avait cessé de sourire et s’était emparé d’une autre coupe qu’il lui tendit. Elle semblait bien trop nerveuse alors qu’il ne s’agissait que d’une banale réunion somme toute assez grossière. Peut-être que le sujet l’avait choqué. Lui aussi était choqué en entendant de telles bêtises.
Il rit franchement lorsqu’elle se mit à bailler.
« J’ose espérer que ce n’est pas ma présence qui vous fatigue à ce point ? Prenez donc un verre. Leur alcool n’est pas fort et il nous permettra de garder les yeux ouverts jusqu’à la fin de cette mascarade. »
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mar 29 Aoû - 20:45
Aussitôt ses excuses proférées, et alors qu’Aníka regrettait déjà d’avoir momentanément perdu son anglais au profit de sa langue si étrange, qui suscitait la curiosité, l’homme leva la main. Ne reconnaissant pas immédiatement le signe d’apaisement, la jeune femme eut le réflexe de reculer d’un pas, se tassant un peu plus sur elle-même. Un réflexe de protection. Pourtant, le coup qu’elle attendait ne vînt pas. Remplacé par une voix douce.
« Það er allt í lagi að viðurkenna það »
A ces paroles, Aníka releva immédiatement son visage. Observant finalement l’homme qu’elle avait bousculé. Il devait avoir entre trente et quarante ans. Ses lunettes strictes vieillissaient un peu son visage. Comme tous ici, sa tenue était impeccable. Pas une riche tenue de Lord, mais, de toute façon, la jeune femme n’en avait jamais vu. Elle n’aurait pas pu faire la comparaison.
Ce qui la choqua le plus était qu’il ne semblait pas appartenir à son pays, pourtant, il en parlait la langue. C’était la première fois depuis des années qu’elle entendait son dialecte parlé par un autre qu’elle-même. Douze ans, en vérité. L’entendre la rassurer dans sa propre langue lui arracha un sourire. Un large sourire soulagé, d’émerveillement, mais qui sur ses lèvres formait une ligne étrange. Ah, son sourire… tordu, étrange, comme si quelque chose ou quelqu’un l’avait façonné d’une façon obscène, elle tentait souvent de le cacher, mais dans cette situation… la sorcière n’y prêtait aucune attention. Trop chamboulée, certainement, par le simple fait d’entendre cette langue.
Alors qu’elle avait relevé la tête, le scientifique s’était légèrement redressé, toisant les quelques individus qui les observaient curieusement. Bien vite, ceux-ci retournèrent à leurs conversations respectives. Soulagée de ne plus sentir ces regards trop curieux sur sa personne, la jeune femme lui en fut reconnaissante.
« Saviez-vous que le rouge attire la convoitise et ravive les passions ? » « Oui. » La réponse était sortie sans qu’elle ne finisse de totalement réfléchir. Baissant un instant les yeux sur sa propre tenue, l’Islandaise ne pouvait que constater qu’elle offrait un contraste saisissant au milieu de ces blouses blanches. « …est-ce une mauvaise chose ? »
Si cette couleur était en effet réputée pour ce qu’il venait de citer, Aníka l’associait plus aux yeux de son démon ou à sa propre magie. Le sang et le feu, également… la jeune femme pencha la tête sur le côté, contemplant pensivement le fait de préciser ou non que cette couleur était aussi celle de la mort. Elle se ravisa. Il ne comprendrait pas… et elle ne savait pas si cela paraîtrait étrange, après tout, elle n’avait pas l’habitude des situations sociales. Et ne voulait pas paraître plus étrange que nécessaire. De toute façon, il venait d’effectuer un autre mouvement ; tendant vers elle une coupe remplie de ce même liquide doré qu’il buvait plus tôt.
« J’ose espérer que ce n’est pas ma présence qui vous fatigue à ce point ? Prenez donc un verre. Leur alcool n’est pas fort et il nous permettra de garder les yeux ouverts jusqu’à la fin de cette mascarade. »
Son embarras revînt, alors qu’elle secouait la tête, et par la même occasion acceptait la coupe qu’il lui tendait. La prenant délicatement, à deux mains pour s’assurer de ne pas causer de désastre… et s’assurant, dans le processus, de ne pas le toucher.
« Non, non !... bien sûr que non, je… n’ai pas l’habitude, pour être honnête. C’est la première fois que je viens… à ce genre d’évènement… » Elle observa un court instant le liquide doré, curieusement. « Merci… »
La sorcière n’avait jamais bu d’alcool. Le goût la prit par surprise alors qu’elle y trempait les lèvres. Elle eut une moue. C’était étrange… pas tellement mauvais, mais le goût lui était étranger. Alors qu’elle repensait aux dernières paroles du scientifique, sa curiosité l’emporta, et elle releva les yeux vers lui.
« Si tout cela n’est qu’une mascarade, alors pourquoi être venu, Monsieur ?... »
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Jeu 7 Sep - 22:07
Elle était toute fluette, le scientifique observa avec attention son mouvement de recul lorsqu’il leva le bras en l’air. Tirant des conclusions qu’il rangea dans un coin de son cerveau. Observer, raisonner et conclure. C’était le quotidien de tout bon scientifique qui se respecte et sa règle de vie. Pour cela il fallait également être patient, très patient, on n’obtenait que rarement des résultats immédiats.
Elle sourit, un drôle de sourire certes mais il lui allait bien. Elle semblait un peu plus rassurée même si ses paroles démontraient le contraire. Une mauvaise chose ? Y-avait-t-il seulement des choses mauvaises et bonnes ? Pour lui il n’y avait que des faits, des conséquences, on ne pouvait pas classer les choses selon qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
« Monsieur Parker. Gaspard Parker. Cela dépend de ce que vous attendez. Selon moi il n’y a pas de mauvaises choses. »
Il y avait juste des erreurs…mais il préféra ne pas se lancer dans le sujet. D’une part ce n’était pas l’endroit, beaucoup trop de curieux laissaient traîner leurs oreille, d’autre part il ne se sentait pas d’humeur à discuter de ses souvenirs. Beaucoup trop douloureux.
Un fin sourire étira ses lèvres lorsqu’elle prit la coupe et la porta à ses lèvres. Elle se comportait comme une enfant. Il rajusta ses lunettes du bout de son index, mauvaise habitude qu’il avait prise il y a un an environ.
« Je suis venu parce que l’on ne peut pas passer sa vie cloîtré chez soi, malheureusement ou heureusement. Et puis, si je veux démontrer à tous que les mythes ne sont que des mythes, il faut que je sache précisément pourquoi l’on croit qu’ils sont réels. »
Il se tendit légèrement en portant la coupe à ses lèvres. La magie et toutes ces fariboles ne servaient que d’excuse aux hommes pour ne pas assumer leur erreur. Tout comme celles de la nature. Cette dernière était si parfaite qu’elle ne pouvait pas se tromper, c’était la magie, les monstres qui existaient. Mais si ces monstres n’étaient qu’une « erreur » de la nature, un défaut de conception, le grain de sable dans le rouage.
Il ferma les yeux, inspirant calmement. Il ne servait à rien de s’énerver ni de provoquer une esclandre. Pour faire diversion il lui demanda.
« Mais pourquoi êtes-vous ici ? Vous n’êtes pas une scientifique, et vous n’avez pas l’air à l’aise du tout ici mademoiselle? »
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Ven 15 Sep - 17:57
Aníka était soulagée. Incroyablement soulagée d’être tombée sur une personne si calme, et, lui semblait-elle, bienveillante. Il était dur de s’adapter à cette nouvelle vie ; à la ville, à des coutumes dont jamais elle n’avait entendu parler et dont la plupart lui paraissaient aberrantes, et à ces gens si froids. Marcher dans la rue était encore une véritable épreuve. Elle frôlait la panique lorsqu’un individu la bousculait, ou même effleurait son épaule en passant. Pourtant, la sorcière en était consciente, il fallait se forcer. Rester prisonnière de ses peurs n’était pas une solution, et désormais il lui fallait vivre. Malgré son apparente fragilité et la myriade de chose qui l’effrayaient, la jeune femme n’était pas encline à s’accabler sur son propre sort. Elle était plus résiliente que ce que l’on pourrait penser.
« Monsieur Parker. Gaspard Parker. Cela dépend de ce que vous attendez. Selon moi il n’y a pas de mauvaises choses. »
Les propos de son interlocuteur –Parker, la plongèrent dans une légère réflexion. Déjà, elle eut la certitude qu’il n’était pas islandais. Rien dans son prénom ou patronyme ne laissait à le deviner. Ensuite… dire qu’il n’y avait de mauvaises choses, cela lui semblait un peu utopiste. Peut-être ne comprenait-elle pas entièrement le sens de ses paroles. Mais, pour beaucoup d’évènements, Aníka peinait à trouver la part de bon qu’ils pourraient avoir apporté. Rien de bon ne lui était arrivé durant ses douze ans en Angleterre. Mais encore, avait-elle assez de recul et de connaissances pour en juger ? Peut-être pas. Peut-être que l’intérêt de tout cela se révèlerait à elle, un jour. Elle espérait alors que ce jour ne tarde pas trop.
« Je suis venu parce que l’on ne peut pas passer sa vie cloîtré chez soi, malheureusement ou heureusement. Et puis, si je veux démontrer à tous que les mythes ne sont que des mythes, il faut que je sache précisément pourquoi l’on croit qu’ils sont réels. »
A ses paroles, la jeune femme hocha légèrement la tête. Il faisait donc partie de cette majorité qui reniait le surnaturel… mais elle comprenait sa prise de positions. Gaspard n’avait sûrement jamais été confronté à ces mythes auxquels il ne croyait pas. Comment leur accorder un quelconque crédit alors ? Dans le fond, elle l’enviait. Si on lui donnait la possibilité, elle aussi aimerait ne pas y croire. Tout oublier. Elle eut un mince sourire.
« Ça me semble être une position sage. »
En disant cela, le scientifique s’était légèrement tendu. Puis il inspira calmement, comme cherchant à chasser une pensée négative. Son attitude fit se tendre un peu plus la jeune femme, inquiète. La sorcière n’était pas à l’aise face à la colère. Elle ne saurait comment réagir s’il venait à s’emporter. Heureusement pour elle, et l’islandaise en fut soulagée, Parker appartenait manifestement à ces gens qui savaient garder un certain contrôle d’eux-mêmes.
« Mais pourquoi êtes-vous ici ? Vous n’êtes pas une scientifique, et vous n’avez pas l’air à l’aise du tout ici mademoiselle ? »
Evidemment. Que la question allait finir par être posée. Il était évident qu’elle n’appartenait pas à ce monde. Un instant, la jeune femme se mordit l’intérieur de la lèvre. Se demandant ce que l’on disait, dans ces situations. Le ton interrogatif suggérait deux questions. C’était la seconde qui l’embêtait. Devait-elle lui dévoiler son identité ? Que faisait-on dans ces moments-là ? Non, elle devait répondre vite. Son silence avait duré vingt secondes. Une éternité en conversation. Vingt secondes durant lesquelles elle avait bêtement fixé le liquide doré de sa coupe.
« Aníka. » Elle n’avait jamais été douée pour mentir, de toute façon. « Aníka Helsdóttir. Je… » Comment expliquer la situation, sans qu’elle semble absurde ? Aucune idée. Là encore. Elle allait opter pour la vérité. « …suis tombée devant l’affiche de la… » Quel était le mot, déjà ? « …conférence. Quelqu’un est arrivé à ce moment, et pour une raison que j’ignore, m’a invitée à le suivre. Je suppose que je devais sembler curieuse. »
Elle avait levé les yeux vers lui, et parvenait enfin à le regarder lorsqu’elle parlait. Serrant toujours la coupe dans ses deux mains, l’islandaise haussa brièvement les épaules. Son sourire était revenu, mais semblait presque désolé.
« Ça se voit tant que ça ?... pour être honnête, la foule m’angoisse un peu. C’est la première fois que je me retrouve dans un espace si confiné. Avec tant de gens. »
La nécromancienne porta un bref regard autour d’eux. Non, décidément ; elle venait de trouver l’un des climats les plus anxiogènes qui soient.
Melwyn
Présence sur le forum : Présent
Messages : 84 Date d'inscription : 31/07/2017
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Dim 24 Sep - 14:26
Le scientifique était heureux d’avoir trouvé une personne à qui parler. Il faut dire que dans ce genre de rassemblement, on croisait toujours les mêmes têtes et les mêmes idées. Et s’il est vrai qu’il y a plus de choses dans deux cerveaux qu’un seul, il n’est pas bon de toujours raisonner avec les mêmes personnes. Le débat devient stérile et l’on rétréci sa façon de voir les choses. Alors cette demoiselle lui offrait une source de renouvellement providentiel.
Une position sage…c’était souvent ce qui lui était reproché. Trop sage, trop terre à terre. Il ne s’avançait que sur des éléments dont il avait la preuve formelle et ne dévoilait jamais ses hypothèses avant de les avoir vérifiées par lui-même. Ce qui lui conférait un petit côté coincé qu’il n’avait jamais cherché à démentir. Le regard et les propos des autres ne l’atteignaient pas. Elle semblait troublée par ses questions, elle ne devait pas avoir l’habitude du monde et d’être dans le centre d’attention. Pourtant elle ne se défila pas et la réponse qu’elle annonça arracha un sourire à l’homme en blanc. Evidemment que tout le monde l’avait remarqué, d’abord sa tenue qui attirait l’œil comme la flamme d’une bougie attire le papillon. Et puis son air inquiet, angoissé alors que tout le monde semble soit ennuyé soit captivé. Elle semblait toujours se battre contre elle-même, pour continuer à avancer. Cela devait être épuisant à la longue. Ce stress permanent.
Il aurait bien aimé la réconforter, l’apaiser mais cela n’était pas dans ses compétences. Les contacts physiques pouvaient être bénéfiques s’ils étaient posés au bon moment. Une étreinte pouvait calmer un enfant en pleine crise de panique, une main posée sur l’épaule un encouragement. Mais lorsque l’on ne connaissait pas la personne qui se trouvait en face de nous et son ressenti vis-à-vis des contacts physiques, il ne restait que les mots. Et ils parfois ces derniers sonnent bien creux face à tout le reste.
« La foule est une arme puissante. Pour autant, celle-ci ne vous fera aucun mal. Beaucoup des personnes ici présentent ne sont là que pour le buffet. Où pour leur subvention… »
Il haussa un sourcil, en pensant à ces vautours. C’était à cause d’eux que les budgets se raréfiaient et fondaient comme neige au soleil. Que de temps perdu à chasser les sorcières où les fantômes de certains manoirs. Que d’argent gaspillé dans ces chimères. Il arrivait qu’ils passent la journée entière à écouter les histoires des bonnes-femmes, cherchant des similitudes et réécrivant le mythe d’après des pseudos-évènements qui auraient eu lieu…Et pendant ce temps, les vraies recherches souffraient du manque de considération et des financements. L’argent est le nerf de la guerre ; mais il est aussi celui du progrès.
Il esquissa un demi-sourire en désignant la porte du bout de la main. Si elle était si mal à l’aise, il pouvait toujours lui offrir une sortie de secours. Après-tout, elle s’était faite entraînée ici contre son gré et elle ne semblait pas avoir le caractère assez ferme pour pouvoir s’en échapper seule. Il murmura de façon à ce qu’elle seule puisse l’entendre.
« Vous pouvez partir, personne ne vous en voudra. Soit vous passez par le couloir des artistes, c’est-à-dire le prétexte des toilettes. Soit vous m’accompagnez jusque la sortie. Je vous avoue que je suis curieux de savoir ce qui a pu piquer votre curiosité quant à l’affiche de cette conférence. »
Des bruits de chaise commencèrent à retentir et Gaspard leva les yeux au ciel. Apparemment le conférencier avait jugé que certains points méritaient encore d’être éclaircis. La suite de son programme concernait un monstre célèbre appelé Nessy. Il résiderait dans le Loch Ness et aux dernières nouvelles, aurait été aperçu par de nombreux voyageurs…Autant dire que la suite du programme s’annonçait aussi passionnante que le début.
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Sam 30 Sep - 15:33
Plus le temps passait, et plus Aníka se sentait comme une enfant, au milieu de cette salle emplie d’hommes si sûrs d’eux. Tous ici lui semblaient affreusement impressionnants et savants ; et, chose qu’elle-même n’avait jamais eu à avoir, ces scientifiques étaient munis d’une opinion ferme. Pouvait-elle considérer en avoir une, également ? Consciente d’être facilement impressionnable, alors qu’elle était perdue dans cette ville si immense, Aní prenait peu à peu conscience que chacun à Londres portait un regard différent sur le monde, qui se plaçait en contradiction, bien souvent, avec celui des autres. Elle avait déjà vécu cela, dans son village, cependant tous dans le bourg semblaient partager le même sentiment vis-à-vis de sa magie. Durant son enfance, en Islande, c’était tout le contraire. Toutes dans le culte de Freya partageaient la même vision du monde ; persuadées que la magie était l’essence du monde, et qu’en être détentrice était la plus grande bénédiction qui soie. Au final, jamais elle n’avait évolué dans un climat où chacun s’interrogeait sur les croyances déjà acquises. Cette faculté de tout remettre en question, et de creuser chaque sujet jusqu’à la moelle… elle l’admirait.
Aníka continua à regarder l’homme, le détaillant. De ce qu’il avait laissé entendre, lui ne partageait en rien ses croyances. Elle se demanda comment il réagirait, si le sujet venait à être abordé de nouveau. S’il la poussait à avouer qu’elle pratiquait cette magie à laquelle il ne croyait pas. Devrait-elle mentir pour se protéger ? Mentir était une mauvaise chose ; la vérité finissait toujours par éclater. Mais… et s’il en venait à contacter cet horrible exorciste ? A cette pensée, elle frissonna. Non… la sorcière avait trop de fois goûté au feu et à l’eau pour avoir envie de retenter l’expérience. Elle tira un peu plus sa manche sur la brûlure qui marquait son bras ; s’étendant jusqu’au dos de sa main.
« La foule est une arme puissante. Pour autant, celle-ci ne vous fera aucun mal. Beaucoup des personnes ici présentent ne sont là que pour le buffet. Où pour leur subvention… »
La déclaration de Gaspard provoqua une certaine confusion en la nécromancienne, incertaine de comprendre le sens exact de ses paroles. Que la foule puisse être une arme, elle le concevait, après tout, Aní en avait fait l’expérience. Mais comment pouvait-il être sûr que celle-ci ne se retourne pas contre eux, justement ? Et… qu’entendait-il par subvention ? Le mot lui était inconnu.
« Excusez-moi mais… » le rouge lui monta aux joues. Honteuse de son ignorance. « Que voulez-vous dire par… subvention ? »
Alors que l’homme désignait la porte d’une main, la jeune femme tourna son regard vers la direction indiquée. Il est vrai ; elle n’avait pas la force de caractère pour quitter d’elle-même cet endroit. Elle osait à peine bouger.
« Vous pouvez partir, personne ne vous en voudra. Soit vous passez par le couloir des artistes, c’est-à-dire le prétexte des toilettes. Soit vous m’accompagnez jusqu’à la sortie. Je vous avoue que je suis curieux de savoir ce qui a pu piquer votre curiosité quant à l’affiche de cette conférence. »
A ces mots, l’Islandaise releva les yeux vers le scientifique ; le regardant comme l’on regarde son sauveur. Le bruit de chaises ne tarda pas à retentir, et elle aperçut du coin de l’œil l’homme –Wilhem ? William ? Quel était son nom ? qui l’avait amenée jusqu’à cet endroit effrayant lui faire signe. Son visage était un peu fermé ; il était sûrement vexé qu’elle l’ait délaissé de la sorte. Mal à l’aise en croisant ses yeux, Aníka reporta bien vite son attention sur Gaspard. Acquiesçant.
« D’accord. Je viens avec vous. »
Il allait certainement lui poser plus de questions… mais cela valait mieux que de retourner vers l’autre individu, qui ne lui inspirait pas plus confiance de toute façon. Cependant, elle était un peu gênée. Faisait-il cela par gentillesse, ou car il souhaitait également partir ? Elle ne voulait pas l’empêcher de suivre… la conférence portait désormais sur Nessie. La sorcière se souvenait des récits des aïeules qui l’avaient rencontré.
« Mais… je ne veux pas vous importuner. Si vous ne souhaitiez pas partir… »
Elle regarda sur le côté, nerveuse. Prête à le suivre s’il faisait un pas vers la sortie. S’il décidait que la conférence serait au finale plus importante, elle irait s’asseoir dans le fond, certainement. Ouvrir seule l’une de ces portes, et donc risquer d’attirer l’attention, l’effrayait.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mer 4 Oct - 13:37
« Excusez-moi mais… » le rouge lui monta aux joues. Honteuse de son ignorance. « Que voulez-vous dire par… subvention ? »
Parker réfléchit un moment, surpris de l’ignorance de la jeune femme. Après-tout, elle pouvait être arrivée ici par hasard mais elle devait bien connaître comment fonctionnait la société actuelle non ? Sinon comment-avait-elle pu survivre jusqu’à aujourd’hui ? Et comment espérait-elle continuer à survivre ?
Il sourit cependant, s’il s’étonnait de beaucoup de choses, il arrivait très facilement à les accepter et à les garder dans un coin dans son esprit, tranquillement, jusqu’à ce qu’il puisse les décortiquer et les comprendre. Et ce mystère rouge devant lui allait certainement lui permettre de passer d’agréable soirée en compagnie de ses hypothèses et de sa pensée. Tout plutôt que de ruminer ce qui aurait dû être.
« Hmm..une subvention c’est une somme d’argent que l’on donne. Lorsque l’on fait des recherches on a besoin d’argent, en fait on a toujours besoin d’argent quoi que l’on fasse, mais plus encore dans la recherche. Et si l’on veut parvenir à quelque chose, il faut convaincre des gens de nous prêter l’argent nécessaire. »
Il n’était pas certain d’avoir été très clair. Ne sachant pas jusqu’où allaient les connaissances de la jeune femme, il ne savait pas exactement quels pouvaient être les mots qu’il pouvait utiliser ou non. Et puis, son état ne laissait pas supposer qu’elle était apte à avoir une discussion sur les avantages et les inconvénients des flux d’argents au sein de la société.
Il croisa une nouvelle fois ses yeux, il trouvait qu’elle avait le regard pur, celui d’un enfant qui n’attend qu’une chose, c’est d’avoir l’autorisation de grandir et de s’élancer dans la vie. Mais lui ne pouvait pas lui donner cette autorisation, ce n’était plus une enfant, et il n’avait aucun pouvoir sur elle. Aucun droit. Regard qu’il perdit, elle avait tourné la tête au bruit des chaises. Il observa du coin de l’œil, se redressant légèrement, un autre homme, l’air renfrogné venait de détourner le sien. Gaspard sourit légèrement, amusé. Cet homme était connu pour être un sacré coureur de jupon et l’idée qu’il ait pu le forcer à dormir avec sa femme cette nuit le mit en joie.
Rien que pour cette raison, il était prêt à faire une fleur à cette demoiselle. Même s’il avait déjà décidé de vider les lieux. Tant pis pour Storm et son compte rendu. Il n’avait qu’à être présent.
« D’accord. Je viens avec vous. »
Son sourire gagna ses yeux. Parker entendait déjà les ragots qui allaient se propager à peine la porte refermée sur eux. Rien de bien méchant, on dirait probablement qu’il était parti sans un bruit, n’ayant aucun argument valable contre ces théories fumeuses. Ou alors on le jugerait trop hautain, voire même on irait jusqu’à dire qu’il préférerait folâtrer plutôt que de travailler. Avec un peu de chance, toutes ces histoires ruineraient la fin de la conférence. Il n’avait même plus besoin de participer pour se faire entendre.
« Mais… je ne veux pas vous importuner. Si vous ne souhaitiez pas partir… »
Laissant échapper un petit rire, le scientifique se pencha vers elle, les yeux pétillant.
« Je vais vous dire un petit secret…je comptais m’en aller de toute façon. Seulement j’hésitais encore sur la manière dont ma sortie se ferait. Vous ne m’importunez donc aucunement, bien au contraire. »
Sans la brusquer, il posa délicatement une main sur son épaule et se dirigea vers la sortie, son sourire ne quittant pas son visage. Elle risquait de penser qu’il était en train de l’utiliser pour fuir les lieux, mais il s’amenderait de cette hypothèse en lui payant un verre dans le petit café qui se trouvait quelques mètres au-dessus.
Laissant la lourde porte se refermer sur le bourdonnement de l’orateur, Parker retira sa main et les étendit devant lui, comme pour montrer la rue qui s’ouvrait face à eux.
« Et voilà, libre comme le vent. Ce n’est pas si difficile vous voyez. »
En réalité, cela pouvait l’être et il le comprenait aisément. Sa femme avait toujours eu peur de la foule et du qu’en dira-t-on. C’était pour cette raison qu’elle ne l’avait que très peu accompagnée lors des soirées et autres mondanités. Certains disaient qu’elle n’avait pas de caractère. Parker lui affirmait que c’était parce qu’elle se souciait beaucoup trop de ne pas blesser les autres. Il désigna le café, désert à cette heure de la journée.
« Pour me faire pardonner de vous avoir enlevée, je vous offre quelque chose ? »
Bien entendu il ne la forçait en rien. Mais il savait déjà au fond de lui qu’elle serait réticente à se sauver de la sorte. Elle semblait être toujours effrayée pour un oui ou pour un non. Un petit moineau apeuré qui ne demande qu’à s’envoler. Et si le moineau le surprenait et décidait de s’envoler finalement ?
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Dim 8 Oct - 20:22
La réponse de Gaspard à sa question lui avait parue assez vague, cependant Aníka ne demanda pas plus de précisions. De quel genre de recherches parlait-il, par exemple ? Mais elle voyait bien que le scientifique s’efforçait déjà de lui résumer le plus possible la chose ; certainement étonné par son ignorance. Elle ne survivrait pas longtemps ici sans connaitre les bases de la société anglaise ; la sorcière en était consciente. Ce village évoluait comme un micro système figé dans le temps, dans une époque obscure, et rien dans son fonctionnement ne lui rappelait la ville immense qu’était Londres. Il lui fallait tout apprendre. Partir de zéro. Mais cela, l’islandaise était déterminée à le faire ; elle allait y arriver. L’ignorance est une faiblesse, dangereuse lorsqu’on ajoute les répercussions de nombreux traumatismes, innommables. Ne rien savoir de ce monde était sa plus grande faiblesse ; mais la nécromancienne comptait bien s’endurcir.
Aníka ne bougea pas d’un centimètre lorsque l’homme se pencha vers elle. Ses desseins n’étaient certainement pas malins, mais d’instinct cette action lui semblait menaçante. Tout au plus eut-elle un léger tressaillement. Mais –cette fois ci, elle soutînt son regard. Par Hel, était-elle une sorcière, ou non ? Peut-être était-il temps de se comporter comme telle –bien qu’elle ne se sente pas la force d’affronter encore le monde de front. Ses blessures commençaient juste à cicatriser. Pour le moment, il lui fallait seulement partir en reconnaissance ; tester ses limites, apprendre. Aní avait soif de savoir.
« Je vais vous dire un petit secret…je comptais m’en aller de toute façon. Seulement j’hésitais encore sur la manière dont ma sortie se ferait. Vous ne m’importunez donc aucunement, bien au contraire. »
A ces mots, Gaspard avait posé une main sur son épaule, la faisant se tasser un peu sur elle-même pendant un instant. Trop proche… il était trop proche. Cependant, le brun n’usa de cette action que pour le conduire avec lui à la porte. Lui servirait-elle d’excuse, en vérité, pour s’éloigner de ses confrères ? Cela était certainement le cas, mais la jeune femme ne s’offusqua pas de cette pensée. Qu’importe. Elle aussi l’utilisait, en quelques sortes, pour s’enfuir d’ici. Ils étaient quittes. Bien qu’elle ne doute pas qu’au fond, il aurait bien pu avoir, à son contraire, le courage de partir de lui-même. Aníka enviait cette confiance. Une fois sortis, l’air Londonien la fouetta au visage, lui arrachant un mince sourire. Puis Parker retira sa main, ce qui eut pour effet de la détendre immédiatement. Un léger soupir s’échappa de ses lèvres, alors qu’elle regardait du coin de l’œil le scientifique, qui avait étendu les mains devant lui d’un geste théâtral.
« Et voilà, libre comme le vent. Ce n’est pas si difficile vous voyez. »
Aní acquiesça, timidement. Suivant du regard le café que l’homme lui désigna de la main, alors qu’il continuait :
« Pour me faire pardonner de vous avoir enlevée, je vous offre quelque chose ? »
La jeune femme se tourna vers lui, l’observant un bref instant d’un air confus. Ne comprenant pas l’expression. Puis, posant une fois de plus son regard sur le café, la lumière se fit. Il lui offrait de s’y poser, et de payer pour ce qu’elle prendrait. La jeune femme n’hésita pas très longtemps avant de lui fournir une réponse. Si elle avait besoin de se remettre de cette expérience stressante, la présence de Gaspard avait également quelque chose de rassurant. Rien en lui ne lui évoquait un potentiel danger. Peut-être était-elle simplement trop naïve… mais fuir les autres était plus difficile que ce que l’on pourrait croire. Et elle avait besoin de contact humain. Après toutes ces années.
« Volontiers. »
Se dirigeant avec lui vers le café en question, elle serra les pans de sa veste autour d’elle, observant les rares passants, puis l’employé qui les regardait s’avancer d’un air curieux. Elle tourna la tête sur le côté, évitant ce regard qui la mettait mal à l’aise. Se concentrant sur les alentours ; elle pouvait sentir cette pollution étouffante qui agressait son souffle depuis qu’elle était arrivée ; la peine d’un enfant, au second étage du troisième immeuble sur la droite. L’anxiété l’avait rendue bien plus sensible à ces détails ; un homme était mort à cent mètres, il y a six jours. Aníka se mordit le coin de la lèvre. Vite, penser à autre chose ; avant de se laisser noyer dans le flot d’informations.
« Vous êtes un scientifique… » Son regard se posa sur Parker. Un sourire incertain flottant sur ses lèvres. « …qu’étudiez-vous exactement ? »
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mer 18 Oct - 11:29
Après un instant d’hésitation, la jeune femme accepta sa proposition. Elle semblait aussi mal à l’aise ici qu’à l’extérieur. Finalement, ce n’était peut-être pas le sujet ou la proximité des autres scientifiques qui la rendaient si nerveuse. Gaspard jeta un bref coup d’œil circulaire mais ne remarqua rien de particulier.
Ils s’installèrent en terrasse à la joie du serveur qui semblait trouver le temps long. Si la météo était favorable à la promenade, bon nombres de personnes étaient encore en train de travailler. Il restait quelques heures avant que les terrasses et les cafés ne se remplissent d’êtres humains en quête d’un bon moment ou d’un peu d’oubli.
Habitué de genre d’endroit, Parker adressa un petit signe de tête à l’homme qui prenait la commande et se choisit un café serré. Il en avait bien besoin après avoir dû supporter toutes ces fariboles. Il observa la jeune femme, se demandant comment elle pouvait continuer à vivre en étant aussi nerveuse. Elle risquait fort de vieillir prématurément, où alors de faire un arrêt cardiaque.
« Vous êtes un scientifique …qu’étudiez- vous ? »
Un scientifique. Littéralement un homme de science. Mais qu’est-ce que la science ? C’était une question dont beaucoup n’avait pas encore la réponse. On travaillait sur tout et n’importe quoi, du grain de poussière posé dans le caniveau à la cendre d’un corps calciné. On cherchait, on cherchait mais on ne savait même pas ce que l’on cherchait alors forcément on passait à côté de choses. Mais si l’on cherche quelque chose de précis, ne passe-t-on pas également à côtés de découvertes auxquelles on n’aurait pas songé ?
Il joignit les mains au-dessus de la table, venant croiser ses longs doigts alors qu’il posait un regard indéchiffrable sur la demoiselle. Elle n’était pas une espionne, il en mettrait sa main à couper. Et elle ne devait pas se douter que les chercheurs ne dévoilent pas leurs travaux au premier venu, sous peine de se faire voler leur idée. Et oui, même les idées ne sont plus en sécurité de nos jours. La société était telle que, quoi que l’on possède, quelqu’un d’autre était prêt à vous le prendre. Et si ce n’était pas les autres qui vous dépossédaient d’une partie de vous, c’était la vie elle-même qui vous jouait ce mauvais tour.
« Je m’intéresse à de nombreux sujets. Mais je me spécialise dans le domaine des légendes et des mythes. »
Il haussa un sourcil, en général son principal sujet de recherche était une source de discorde. Peu de scientifiques voulant perdre leur temps à démontrer que quelque chose était faux. Tous préféraient découvrir quelque chose de nouveau, mettre leur nom dans un livre, sur une brillante invention. Mais pour avancer ne faut-il pas s’affranchir des vieilles croyances et du passé ?
« Je pars du principe que ce que les grands-mères nous racontent au coin du feu ne sont que des légendes. Mais chaque légende part d’une action, d’un fait qui a ensuite été déformé par les histoires que l’on se partage autour d’un repas. Vous vous imaginez, lorsque vous rencontrer un chien sauvage en rentrant chez vous, le soir vous le dites à votre mari qui va le répéter aux enfants en exagérant un peu, juste pour qu’ils soient prudent, et les enfants vont le raconter aux copains en exagérant un peu, juste pour que ce soit plus effrayant. Et à la fin de la semaine c’est un loup garou qui terrorise le village et qui empêche les gens de dormir. »
Voilà le problème de leur génération. Et des générations antérieures. Il leur était impossible de raconter les choses telles qu’elles sont. Il faut toujours soit minimiser les choses, soit les exagérer. Ce qui créait bien sûr de jolies histoires à raconter, mais lorsque l’on finissait par se persuader que les créations étaient réelles et qu’il existait des êtres dotés de pouvoir surnaturels, le danger était bien là. Il hésita un moment, devait-il ajouter que pour cela il écumait toutes les foires aux monstres des environs ? Et qu’il comparait ses observations avec des écrits datant parfois de plusieurs dizaines d’années en arrière ? Non, il l’avait probablement assez ennuyé pour le moment. Et il n’était même pas sûr qu’elle ait compris ce qu’il essayait d’expliquer.
« Enfin…je dois vous paraître un bien piètre savant. Pas de recherche de la vie éternelle, ni de l’objet qui pourra nous rendre tous riche ou éliminer la faim dans le monde…rien de bien rocambolesque. Juste la vérité. »
Cette vérité si cruelle qui pouvait blesser tout autant que réconforter. Un instant il se sentit las de toutes ces histoires. Il ne savait pas encore combien de temps le congrès acceptera ses recherches « inutiles ». Un jour où l’autre il faudra qu’il s’attelle à une nouvelle thèse, s’il ne voulait pas se retrouver sans le sous. Mais le moment n’était pas encore venu.
Observant leur commande qui venait d’arriver il reprit.
« Et donc vous étiez curieuse concernant l’affiche ? »
Il avait envie de lui demander ce qu’elle faisait ici, pourquoi elle semblait si tourmentée, pourquoi elle s’était retrouvée perdue au beau milieu d’un groupe de savants fous. Pourquoi porter une robe rouge tape-à-l’œil alors qu’elle semblait si mal à l’aise dès que quelqu’un posait son regard sur elle …mais il était un homme convenable et il ne voulait pas l’embarrasser encore plus qu’elle ne l’était.
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Dim 22 Oct - 21:04
Alors que Gaspard se penchait légèrement sur la table, joignant ses mains, dans une attitude montrant que l’homme était sûr de lui et pas le moins du monde anxieux, à son contraire, Aníka se demanda pourquoi ce dernier semblait vouloir prolonger leur échange. Ce n’est pas comme si sa conversation était intéressante… elle n’avait aucune notion scientifique, et ne comprenait pas nombre de mots de son vocabulaire. A vrai dire, l’anglais n’était pas la langue que la nécromancienne avait le plus pratiqué dans son existence ; l’islandais non plus. Non. Toutes ses conversations avec Cimeries avaient été effectuées en verbis diablo, et elle le parlait certainement mieux désormais que certains démons. Mais cette langue… aucun mortel n’était réellement censé la connaître. Parmi son culte, c’était même un tabou. On ne parlait pas de l’enfer. Seul le valhalla comptait. Tout ce qui avait trait aux royaumes infernaux était banni… c’était certainement pour cela qu’on s’était débarrassé d’elle. La fille de Hel. L’enfant qui parle aux morts. Et pourtant, durant toutes ces années, elle s’était refusé à mourir.
« Je m’intéresse à de nombreux sujets. Mais je me spécialise dans le domaine des légendes et des mythes. »
Cette phrase captiva son attention, alors qu’Aní releva son regard hazel vers celui, si bleu, du scientifique. Ainsi… cet homme s’intéressait aux phénomènes qui le dépassaient. A la suite de son discours, il rendit clair le fait qu’il ne croyait aucunement aux mythes, et que c’était bien pour cette raison qu’il comptait s’employer à les démonter. Prouver que tout n’était que déformation de la réalité. La jeune femme était à peu près sûre de comprendre ça, quant au reste… il parlait bien vite, et la sorcière peinait à suivre le flot de ses paroles. Au moins, Parker restait plus compréhensible que l’homme donnant la conférence. Elle voyait bien qu’il tentait de lui expliquer son travail de façon concise, avec des mots accessibles pour qu’elle comprenne. La recherche de la vérité… c’était une bien noble cause. Louable. Aníka ne savait pas, si elle devait lui dire qu’il avait tords sur toute la ligne. Que les mythes existaient. Qu’elle en était la preuve vivante, et que ses ancêtres avaient vu et côtoyé ces êtres incroyables. Mais il ne la croirait pas. La prendrait sûrement pour une originale, ou une illuminée. Et elle risquerait de se mettre en danger, si elle en dévoilait trop… n’est-ce pas ?
« Enfin…je dois vous paraître un bien piètre savant. Pas de recherche de la vie éternelle, ni de l’objet qui pourra nous rendre tous riche ou éliminer la faim dans le monde…rien de bien rocambolesque. Juste la vérité. »
A ces mots, Aní esquissa un mince sourire. A demi gêné ; elle ne saisissait pas le sens de piètre, mais supposait qu’il était utilisé dans un but négatif. Rocambolesque non plus… elle ne parvenait pas à déterminer ce que ces syllabes désignaient. Mais au lieu de s’embarrasser une fois de plus, la jeune femme ne fit qu’acquiescer. Bien que voir qu’elle était perdue n’était pas bien difficile. Mais elle pensait avoir saisi au moins le sens global de ses paroles.
« C’est bien. Chercher la vérité. Mais parfois elle n’est pas conforme à nos attentes. »
Une façon, peut-être, de le prévenir… que s’il venait à trouver cette vérité, celle-ci le décevrait. Car les légendes de son enfance étaient vraies… et le monde était bien plus complexe que ce que l’esprit humain aimait à croire. La jeune femme sursauta lorsque le serveur se présenta une nouvelle fois à eux ; se penchant par-dessus son épaule pour poser devant elle la tasse de thé. Ne pas l’avoir vu la plongea un instant dans une certaine détresse, avant qu’elle ne se ressaisisse. Tout allait bien. Après avoir posé le café devant Gaspard, l’homme s’éloigna à nouveau. Aní fixa un instant le liquide rouge sombre.
« Et donc vous étiez curieuse concernant l’affiche ? »
Sa question la prit au dépourvu. Elle pensait qu’il aurait oublié… mais apparemment le scientifique était curieux. Elle ne devrait pas s’en étonné ; c’était son métier, après tout, de l’être… mais cette interrogation l’embarrassait. Déjà, car elle allait devoir admettre accorder de l’intérêt à un sujet apparemment méprisé des hommes. Ensuite, car les raisons de sa présence dans cette conférence étaient liées à sa mauvaise maitrise de la lecture… la nécromancienne sentit ses joues s’empourprer, alors qu’elle se mordait la lèvre, inconsciemment.
« Je… me demandais ce que les ho- ce que les gens pensaient, sur le surnaturel. »
Elle traça du doigt le rebord de sa tasse, nerveusement ; la surface était chaude, presque brûlante.
« Et… pour être honnête, je tentais de déchiffrer le sous-texte. J’ai du mal à lire l’anglais. »
Embarrassée, elle regarda sur le côté, évitant de croiser son regard. Puis un rire, un peu nerveux. Son drôle de sourire prit un instant place sur ses lèvres.
« Je suis désolée… vous devez regretter d’avoir quitté la conférence. Je n’ai pas autant de conversation, ou de connaissances que vos collègues. »
Elle replaça une mèche derrière son oreille, avant de réaliser qu’ainsi son visage était bien trop exposé, et de la remettre en place.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Dim 29 Oct - 17:31
« C’est bien. Chercher la vérité. Mais parfois elle n’est pas conforme à nos attentes. »
Une expression de surprise passa sur le visage si calme du scientifique. Fugace. A peu de chose près, ce qui venait de sortir la jeune femme était mot pour mot ce que sa femme lui avait dit il y a longtemps maintenant. Et elle avait eu raison…tellement.
Il se ressaisit rapidement, constatant une nouvelle fois à quel point la personne avec laquelle il discutait était impressionnable. Elle semblait à deux doigts de fuir en courant de cette terrasse alors qu’il ne semblait pas y avoir de danger immédiat.
Sa question semblait être gênante au vue de la coloration de ses joues et Parker se demanda un instant s’il existait un sujet qui ne soit pas perturbant pour elle. Avant la fin de leur boisson, elle risquait d’être totalement cramoisie à ce rythme.
Un petit sourire étira ses traits lorsqu’il entendit le pourquoi du comment. Finalement, il s’agissait juste d’un mauvais concours de circonstances. Enfin, peut-être qu’elle s’intéressait à ces phénomènes plus ou moins naturels. Il la rassura d’un hochement de tête, en souriant amusé.
Elle allait peut-être croire qu’il se moquait d’elle, mais il lui était impossible de garder son sérieux alors qu’elle affichait un air si consterné.
« Je n’ai absolument aucun regret. Je savais déjà ce qui allait être dit à cette conférence, ce qui me la rendait encore plus ennuyante. Et puis je doute que vous manquiez de connaissances. »
Il tourna un instant la cuillère dans son café, réfléchissant à la manière de continuer la discussion sans l’effaroucher d’avantage. Il n’avait pas envie de rentrer chez lui, il savait déjà que son téléphone sonnerait, et que Storm lui demanderait un compte rendu détaillé. Et alors il devrait lui avouer qu’il n’était pas resté et qu’il avait perdu le pari. Et puis, elle devait s’intéresser un minimum au surnaturel et pas uniquement en fonction de ce que les autres en pensent.
« Certains hommes y croient fermement, d’autres doutent, d’autres encore nient en bloc. Mais les hommes que vous avez vu là-bas en fait…ils s’en fichent. Que toutes ces légendes existent ou non n’a que peu d’importance pour eux. Tant qu’ils gagnent de l’argent. »
Lorsque la mode sera passée, ces vautours s’attaqueront à un autre os. Sans se soucier des dégâts qu’ils auront fait dans les mentalités et les croyances de la population. Il serra brièvement les doigts autour de son couvert avant de prendre une gorgée de son breuvage.
« Mais le plus important n’est pas ce que les autres pensent. Mais plutôt ce que vous vous pensez ? Après tout, c’est son opinion qui compte avant tout chose non ? »
Il avait parlé d’une voix douce, presque en chuchotant comme s’il lui dévoilait un secret. Il ne voulait pas la forcer à parler, mais si elle avait osé s’aventurer en terrain inconnu à cause d’une affiche traitant de ce sujet, cela signifiait qu’elle était intriguée pas vrai ? Et dans ce cas on pouvait dire qu’ils avaient un point commun.
Il savait que ses déclarations précédentes avaient brossées une image de lui assez négative en ce qui concernait les légendes et autres mythes. Pour autant il respectait et adorait discuter avec des personnes ne partageant pas son point de vue.
S’il ne considérait pas ces débats comme des preuves suffisantes pour changer son point de vue, il adorait se remettre en question et essayer de comprendre le point de vue des autres. Il reposa sa tasse et reprit d’une voix encore plus basse.
« Excusez-moi, je vais certainement vous paraître très malpoli, mais je n’arrive pas à comprendre…de quoi est-ce que vous avez peur ? »
Pas de lui il espérait. Il réfléchit à son attitude, à ses propos. Rien qui ne sorte de l’ordinaire, mais tout ce qui l’entourait était également banal. Sachant qu’il venait de commettre un faux pas en posant une question horriblement embarrassante, il tenta une pirouette.
« J’aimerai juste savoir ce que je suis censé faire si vous vous évanouissez brusquement… »
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Dim 10 Déc - 22:21
« Je n’ai absolument aucun regret. Je savais déjà ce qui allait être dit à cette conférence, ce qui me la rendait encore plus ennuyante. Et puis je doute que vous manquiez de connaissances. »
Ses paroles eurent pour effet de faire se relever le regard de la nécromancienne, un bref instant, avant qu’elle ne le détourne, comme à son habitude. Regarder les gens en face était bien trop difficile pour elle. C’était prendre le risque de s’exposer entièrement à leur colère… à leur jugement… et elle ne s’en sentait pas la force. A vrai dire, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas regardé véritablement quelqu’un en face.
« Certains hommes y croient fermement, d’autres doutent, d’autres encore nient en bloc. Mais les hommes que vous avez vu là-bas en fait…ils s’en fichent. Que toutes ces légendes existent ou non n’a que peu d’importance pour eux. Tant qu’ils gagnent de l’argent. »
La jeune femme observa le scientifique… du moins, le col du scientifique, réfléchissant. Le monde était donc encore bien sceptique quant à ses croyances…. Dans un sens, cela était peut-être mieux pour elle. Moins dangereux. Au moins, si elle lâchait par mégarde la moindre information compromettante, beaucoup d’humains la prendraient au mieux pour une bout en train, au pire pour une folle… mais ne se douteraient pas que l’alchimie est en vérité une réalité bien proche. Cependant, la dernière option ne lui semblait pas correcte… se faire de l’argent, quelle qu’en soit l’utilité, sur le dos de cette magie si noble tout en y étant tout à fait indifférent…. La nécromancienne ne fit aucune remarque, l’écoutant sagement, cependant son regard changea légèrement, l’espace d’un instant. Elle était révoltée.
« Mais le plus important n’est pas ce que les autres pensent. Mais plutôt ce que vous vous pensez ? Après tout, c’est son opinion qui compte avant tout chose non ? »
L’ombre d’un sourire. Elle ne s’était jamais faite aucune opinion là-dessus… considérant toujours que celle des autres était plus importante. Car ils en savaient plus qu’elle. Avaient plus vécu qu’elle. La voix de Gaspard était douce, en disant cela ; comme s’il lui révélait un secret. Aníka jeta un coup d’œil au scientifique, acquiesçant avec hésitation.
« Si vous le dites… je… n’ai jamais vu les choses comme ça. »
Elle osa enfin porter ses lèvres à sa tasse, le liquide légèrement refroidi lui apportant un réconfort inattendu… elle soupira légèrement, portant sa deuxième main au récipient, profitant de la chaleur.
« Excusez-moi, je vais certainement vous paraître très malpoli, mais je n’arrive pas à comprendre…de quoi est-ce que vous avez peur ? »
La jeune femme se figea. Comme un animal pris au piège. N’osant plus lever les yeux de cette tasse… ses joues virèrent au cramoisie presque instantanément. La pauvre sorcière ne sachant pas quoi répondre.
« J’aimerai juste savoir ce que je suis censé faire si vous vous évanouissez brusquement… »
Sa remarque ne semblait pas teintée de malice ou de méchanceté… restant silencieuse un long moment, trop long, peut-être, c’est d’une voix tremblante qu’elle lui répondit… reprenant brusquement conscience de tous les dangers potentiels qui les entouraient.
« J’ai quitté un endroit… ma… maison, pour venir ici, alors…. Tout est nouveau. Et ça… » Quel était le mot, déjà ? Ter… elle ne le trouvait pas. « …me fait peur. »
La nécromancienne avait un peu de mal à qualifier le village de "maison", après les évènements y ayant pris place…. Mais comment définir autrement cet endroit ? Elle esquissa un léger sourire, un peu triste. Les yeux baissés sur ses mains qui tremblaient légèrement.
« Je ne sais pas vraiment comment réagir face aux autres, je suppose. »
Une partie d’elle voulait s’enfuir désormais. Partir, loin, de ce bâtiment qui abritait ces hommes effrayants, de cette ville trop dense…. Mais elle ne pouvait pas s’y résoudre. Où aller ? Et puis… rien en Gaspard ne lui semblait menaçant. Pour la première fois depuis des années…. Il lui sembla réellement qu’elle avait en face d’elle quelqu’un de purement bienveillant.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Sam 20 Jan - 12:52
Un sourire, enfin quelque chose s’en approchant. C’était agréable de constater qu’il n’inspirait pas que des sentiments négatifs chez les gens. Ou de l’ennui. Il sourit doucement, elle semblait si peu sûre d’elle. C’était vraiment étonnant qu’une femme comme elle se retrouve ici. Seule.
« Si vous le dites… je… n’ai jamais vu les choses comme ça. »
Il avait posé une question beaucoup trop indiscrète. C’était un risque calculé. Soit il obtenait une réponse, et la preuve qu’elle commençait à lui faire confiance. Soit elle se fermait totalement. Et il savait que la cause était perdue. Il estimait la probabilité à cinquante pour cent environ. Le silence et la rougeur de son visage l’incitèrent à penser qu’il avait misé sur le mauvais cheval. Dommage, elle semblait vraiment intéressée par ce qu’il racontait et Gaspard était persuadé qu’elle avait des idées qui auraient pu lui faire voir les choses d’une autre façon. Il s’apprêtait à s’excuser quand elle reprit la parole.
« J’ai quitté un endroit… ma… maison, pour venir ici, alors…. Tout est nouveau. Et ça……me fait peur. »
La maison…difficile de quitter sa maison. On ne le fait jamais vraiment de gaieté de cœur. Soit on y est obligé, soit on suit quelqu’un par amour. Mais elle ne semblait pas du genre a tout plaquer pour suivre de douces paroles. Il avança sa main, pour la poser à côté de la sienne, sans la toucher pourtant. Il avait vu son tremblement, sa douleur. Mais ne savait comment l’apaiser.
« Je ne sais pas vraiment comment réagir face aux autres, je suppose. »
Réagir face aux autres…c’était le gros problème de leur société. Les gens n’agissaient plus en fonction d’eux même mais par rapport aux attentes des autres. Pouvait-on vraiment dire à partir de là que nous étions vraiment nous-même ? Il en avait souvent discuté avec son ami. Cela se terminait toujours par un match nul et une bonne bière fraîche.
« La peur est naturelle. C’est ce qui nous permet de ne pas mourir à chaque coin de rue. C’est ce qui nous permet d’évoluer. »
Il se tût un moment. En souriant. Il fallait qu’il se contrôle. S’il s’écoutait, il pourrait discourir pendant des heures de n’importe quel sujet alors qu’elle avait sûrement mieux à faire et que cela ne l’intéressait pas. Calmement il posa son regard sur elle, intrigué.
« Vous avez un endroit où aller ? Je ne veux pas être indiscret mais je vous avoue que j’ai un peu de mal avec les jeunes demoiselles en détresse. »
Et pourtant il était loin d’être un preux chevalier. Il ne donnait pas aux pauvres et passait plus de temps dans son labo qu’avec des êtres vivants. Mais sa détresse faisait vraiment peine à voir. Et il savait que s’il voyait son visage dans les journaux les jours suivant, il ressentirait une pointe de culpabilité à l’idée qu’il n’ait rien tenté pour l’aider.
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mar 23 Jan - 17:40
C’était quelque chose d’étrange. Presque perturbant, à vrai dire. D’être confrontée à une telle bienveillance alors qu’elle n’avait absolument rien fait pour l’attiser.
— La peur est naturelle. C’est ce qui nous permet de ne pas mourir à chaque coin de rue. C’est ce qui nous permet d’évoluer.
La nécromancienne ne s’attendait pas vraiment à ce genre de réponses. Plutôt un regard indifférent, un sourire un peu gêné, peut-être. Une attitude plus déroutée que compréhensive à son égard. Parce qu’il fallait être honnête : pour lui, de son point de vue, elle ne devait certainement avoir aucune raison d’avoir peur.
Alors, pourquoi se mettait-il à la justifier ? Faire comme si celle-ci était tout à fait normale, compréhensible ? Il ne pouvait pas la comprendre. Personne d’autre que la sorcière elle-même ne pouvait comprendre ce sentiment viscéral, cette angoisse qui la prenait aux tripes à chaque coin de rue et la laissait essoufflée, chancelante et totalement éperdue après chaque crise. Tout l’effrayait. Tout ici était un danger potentiel. Et c’était purement éreintant, d’en avoir sans cesse conscience.
Le silence. L’homme se tût, interrompant sa propre réflexion, comme s’il craignait d’aller plus loin et de trop divaguer. Pourtant, Aní aurait aimé l’écouter, sa réflexion. Elle aurait aimé avoir d’autres explications là-dessus. Sur ce qu’il en pensait. Il avait l’air si savant… peut-être savait-il expliquer cette irrationalité qui caractérisait ses réactions et sa façon de penser. Aní n’était pas née dans le même monde que lui. C’était évident. Elle n’avait jamais vu la ville avant de venir à Londres. N’avait au final que peu parlé leur langue, si l’on comparait son usage de l’anglais avec celui des langues qu’on n’osait prononcer qu’à l’abri des autres. Elle n’avait jamais eu à utiliser d’argent, ou même à tenir une conversation de plus de cinq minutes avec un autre être humain. Et pourtant. Il avait l’air de faire un effort pour la comprendre. Pour intégrer ses angoisses à sa façon de penser, et s’adapter. Jamais elle n’avait connu ça. Et ne s’en pensait elle-même pas réellement capable, après tout.
— Vous avez un endroit où aller ? Je ne veux pas être indiscret mais je vous avoue que j’ai un peu de mal avec les jeunes demoiselles en détresse.
Gaspard avait reposé son regard sur elle. Et la sorcière avait de nouveau tourné les yeux vers sa tasse, n’osant pas croiser les siens. Elle se sentait si petite. Minuscule. Pourtant, elle avait déjà bien vécu, mais face à ces gens en blouse immaculée, la jeune femme se sentait comme une enfant. Sauf que personne n’était là pour lui tenir la main et lui dire quoi faire, désormais. Il était parti. Et c’était tant mieux, certainement.
Plus le temps passait, et plus Aní doutait qu’elle ait un jour vraiment aimé Cimeries. Peut-être s’était-elle seulement attachée à lui, comme un point d’ancrage nécessaire à sa survie. Mais que cela s’était arrêté là. Cela n’avait pas été une relation saine. Normale. Elle en était ressortie avec trop de peurs et de cicatrices pour estimer qu’elle avait été bénéfique. S’il avait été bon, peut-être qu’il l’aurait tirée de là avant qu’il ne soit trop tard.
Mais il était trop tard, maintenant.
La jeune femme se demanda d’où lui venait cette question. Pourquoi s’en soucier ? Il ne la connaissait pas. Qu’elle ait ou non un toit sous lequel dormir cette nuit n'influencerait en rien sa vie à lui. Il retournerait certainement à ses recherches, ses soirées mondaines avec ses collègues, jusqu’à faire l’une de ces découvertes qui changent le monde. Il n’avait pas besoin de l’aider pour y parvenir. Et pourtant, il semblait se soucier de cela. Anika se sentit encore une fois toute petite. Il était tellement bon… et elle était… elle.
— Pas vraiment…
Elle soupira, resserrant ses mains autour de sa tasse. Il ne fallait pas qu’il s’inquiète pour elle. Elle ne voulait pas le stopper dans son travail, ses recherches, risquer d’être un éventuel fardeau. Il devait partir sans y penser. Elle n’était pas importante.
— Mais je trouverais. Ne vous inquiétez pas.
C’était faux, elle le savait. Elle ne trouverait pas indéfiniment. Mais elle avait encore assez de force pour essayer. C’est tout ce qui comptait pour le moment.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mer 24 Jan - 20:28
Il ne savait pas pourquoi il avait dit ça. Pourtant il ne le regrettait pas. Elle lui avait sauvé son après-midi et probablement sa soirée. Les autres scientifiques ayant certainement prévu de prolonger les débats encore et encore tout en sachant que personne n’obtiendrait gain de cause. Du temps perdu. On dit que le temps est de l’argent et pourtant dans ce cas précis, il faut accepter de le perdre pour en toucher un peu. Ironique.
Cette petite créature en face de lui le touchait. Lorsqu’il en parlera à son ami, il savait déjà ce qu’il dirait. Il pouvait presque l’entendre de sa voix trainante et légèrement moqueuse.« Tu t’attaques toujours à des causes perdues mon cher. Occupes-toi de tes soucis au lieu de chercher à résoudre ceux des autres. »
Ses soucis…il chassa cette pensée loin. Ce n’était pas le moment. Surtout que ses dernières tentatives avaient été un fiasco total. Et qu’il n’avait pour le moment aucune nouvelle idée. Alors tant qu’à faire, autant être utile à quelqu’un d’autre.
— Pas vraiment…
Sa réponse ne le surpris pas. Elle semblait tellement perdue et peu sûre d’elle. Il se demanda un moment ce qui avait pu lui arriver pour qu’elle perde à ce point confiance en elle et en les autres. Certes le monde n’était pas rose mais il restait vivable. Et si l’on y prêtait un peu d’attention, certaines choses pouvaient se révéler fantastiques. Il aurait aimé pouvoir lui faire comprendre cela. La beauté et la complexité que l’on pouvait observer dans certaines choses qui semblent si simples et l’inverse également.
Mais c’était trop tôt. Elle avait l’air si fragile, sur le point de se briser à chaque instant. Un instant il l’imagina, dans un hôtel miteux comme il y en a beaucoup. Où errant dans les rues. Son regard se troubla et il s’efforça de chasser cette vision de son esprit. Non, elle ne devait pas rester seule. C’était en restant trop longtemps seul qu’on finissait par faire n’importe quoi.
Il s’apprêtait à parler, choisissant soigneusement ses mots pour ne pas l’effrayer. Il s’agit de lui faire comprendre qu’il ne lui veut pas de mal. Et qu’elle reste libre d’agir à sa guise. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de commencer elle reprit.
— Mais je trouverais. Ne vous inquiétez pas.
S’inquiéter. C’était un trait de caractère qu’il avait beaucoup développé ces dernières années. Une ride portait même ce nom. Inquiétude. Pour l’instant il n’avait pas encore de cheveux blancs mais il se doutait que ça n’allait pas tarder à arriver s’il continuait de la sorte. Pourtant c’était plus fort que lui. Il sourit, observant les mains fines qui encerclaient la tasse. Elle devait être froide maintenant.
-Si vous avez besoin. J’ai de la place à la maison. Et il y a également un hôtel qui n’est pas trop cher et qui…est plutôt bien fréquenté.
Il posa les yeux sur elle. Tranquillement. Il sorti une carte de la poche de sa veste. Le genre de petit carton que ses collègues aimaient distribuer aux particuliers pour faire des expertises à leur service. Lui-même ne pratiquait pas ce genre d’activité, mais il avait quand même quelques cartons. C’était Storm qui les lui avait offerts, pour rigoler. On pouvait y lire Gaspard P. Scientifique suivi de son adresse 147 Weastreat South London. De l’autre côté il inscrivit le nom d’un hôtel. Galzelbrook Hotel à côté de la cathédrale St Paul.
« Je ne vous impose rien. Mais si vous avez besoin. Ma porte vous est ouverte. »
Il posa le carton sur la table.
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mar 30 Jan - 9:15
Il fallait bien avouer qu’elle était totalement désemparée.
L’attitude du scientifique n’avait pas changée. Ce dernier continuait de l’observer, calmement, sans qu’aucune parole ou aucun détail ne puisse troubler son apparente tranquillité. Serein. C’était le mot. Comment un être humain, confronté pourtant chaque jour à ce monde si dangereux, pouvait-il être aussi confiant face à l’avenir ? Ou peut-être que c’était une façade, et que rien dans ce qu’il laissait transparaître n’était vrai. Que cette formidable assurance était feinte. Peut-être. Mais il était tellement rassurant de se dire que cela n’était pas artificiel. Elle avait envie d’y croire.
Aní garda les yeux baissés sur la tasse ; attendant une réponse, une réaction. Un « D’accord, je comprends tout à fait » avant que l’homme ne se lève et s’éloigne, pour disparaître dans la rue vide. Son absence de mouvement la déconcerta un peu. Pire lorsqu’il répondit enfin ; ça paraissait si naturel pour lui. Parler, exprimer ses opinions, agir. Comme si rien dans son esprit n’était soumis à une quelconque hésitation. En cela, l’anglais forçait en elle une certaine admiration.
— Si vous avez besoin. J’ai de la place à la maison. Et il y a également un hôtel qui n’est pas trop cher et qui…est plutôt bien fréquenté.
Si elle n’osa pas relever le regard, celui-ci se fit interloqué. Pourquoi ?... il ne la connaissait pas. Pourquoi une telle bonté ? Ses yeux clairs se mirent à fixer le fond de sa tasse, pensifs. "Pas trop cher"… cela mettait en jeu la notion d’argent. Le pouvoir de ces pièces dans la vie des gens était quelque chose qu’elle commençait à assimiler. Cependant, pour elle, tout cela était bien futile. Et puis, comment en gagner lorsqu’on n’avait aucune compétence reconnue par la société ? Aníka n’avait pas "d’argent". La perspective de trouver un… hôtel était donc réduite à néant. — Je ne vous impose rien. Mais si vous avez besoin. Ma porte vous est ouverte.
A ces mots, Gaspard sorti une carte de sa poche, inscrivant quelques mots dessus avant de la poser sur la table. Ajoutant à la confusion de la sorcière. Il fallait faire un choix… et vite avant qu’il ne s’impatiente ou ne se vexe. Que faire ? Prendre des décisions était quelque chose qu’elle apprenait tout juste à faire, dans sa nouvelle vie. Jusque-là, personne ne lui avait jamais demandé son avis. Les gens ordonnaient ; elle obéissait et tentait de se plier à leurs attentes, et se faire discrète le reste du temps. Rien de plus. Mais venir à Londres, entrer dans cette réunion comme aider cet homme, à son arrivée, relevaient de choix. Ses choix. Peut-être était-il temps de s’affirmer enfin. Même si elle avait bien trop peur de gêner ou de déranger.
Trente secondes. Silence. Elle se mit à fixer les caractères sur cette carte, ses doigts se resserrant doucement autour de la porcelaine froide. Trouver le courage de parler était un effort quasi-insurmontable pour elle, désormais.
— J-Juste ce soir, si vous le voulez bien.
Sa voix avait été si douce qu’elle n’était même pas sûre qu’il ait pu l’entendre. Elle baissa une fois de plus les yeux sur ses mains, tendue. Mortifiée d’avoir osé demander la moindre chose.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mer 31 Jan - 18:27
Pourquoi…la dernière fois qu’il avait reçu quelqu’un chez lui remontait à des années maintenant. Non qu’il eût honte de son appartement. Il était rangé et relativement propre si l’on prenait en compte le fait qu’un homme seul y habitait. Un peu sombre, dans certaines pièces qu’il n’occupait plus. Seulement, il ne pensait pas à recevoir des gens, qui de toute façon ? Il n’allait pas inviter des étudiants à venir discuter chez lui, il y avait l’université ou les conférences pour ça. Et ses collègues n’avaient aucunement besoin de fourrer leur nez dans son intimité.
Il attendit, patiemment. Elle n’avait pas besoin qu’on la brusque. La moindre chose pouvait provoquer son envol. Un moment il se demanda ce qu’il ressentirait si elle refusait, si elle se levait brusquement et qu’elle s’enfuyait. On le prendrait probablement pour un pervers, où alors on penserait qu’il lui aurait fait du mal. En général c’était l’homme que l’on jugeait en premier. Les femmes étaient bien souvent dénigrées, mais dans ces cas-là, on avait du mal à imaginer qu’elles pouvaient également causer des ravages. N’était-ce pas une femme qui a provoqué la chute des Hommes sur Terre ?
Un sourire amusé étira ses lèvres. Depuis quand se mettait-il à penser à ces fables ? Les religions étaient pour lui, comme ces croyances. Des éléments sans preuves, peut-être qu’il y avait un fond de vrai dans ces textes, mais il y avait aussi beaucoup de superstitions, de fables que l’on racontait aux gens pour mieux les brider, les contrôler…
— J-Juste ce soir, si vous le voulez bien.
Elle avait parlé. Ses pensées s’étaient volatilisées presqu’aussitôt. Pour se concentrer à nouveau sur la personne en face de lui. Son sourire devint doux et il hocha la tête. C’était une bonne chose. Elle pourra se reposer, prendre un bon...prendre un repas chaud et peut-être se rassurer un peu. Si jamais elle était restée avec l’autre scientifique là-bas…non, il vaut mieux ne pas émettre d’hypothèses sur ce qui aurait pu se produire. Seul le présent compte.
Parler semblait lui avoir coûté beaucoup. Ou peut-être est-ce le fait d’avoir osé accepter. C’est difficile de dire oui, encore plus de dire non. Mais elle avait fait le bon choix. Il ne chercha pas à la convaincre pourtant. C’était peine perdue. Il se contenta de terminer sa boisson avant de lui répondre.
-Bien, je suis content. Si vous avez terminé nous pouvons y aller.
Il s’arrêta, se rendant compte qu’il venait de parler comme lorsqu’il expliquait quelque chose à ses élèves. Rajustant ses lunettes pour masquer sa gêne.
-Excusez-moi, je ne voulais pas vous parler de la sorte. Déformation professionnelle je suppose.
Il attendit qu’elle finisse puis se leva. Déposant quelques pièces pour régler leur consommation en plus d’un pourboire. Rajustant son manteau sur ses épaules, il hésita une fraction de seconde, devait-il lui proposer son bras ? Finalement, il décida que non, elle n’avait pas l’air d’apprécier les contacts alors il n’allait pas lui imposer cela. Il se contenta donc de caler son allure sur celle d’Anika, de la sorte, il pourrait lui indiquer la direction plus facilement.
-Je suis dans un petit appartement, le quartier n’est pas des plus réputés mais il ne craint rien.
En effet, depuis l’épidémie qui avait vidé la plupart des maisons, les appartements n’avaient pas retrouvé preneurs. La plupart ayant préféré quitter ces lieux et ces souvenirs trop tristes. Gaspard n’avait jamais pu s’y résoudre. C’était sa maison. Il y avait grandi et les souvenirs étaient bien plus importants que le reste.
Lorsqu’ils arrivèrent à destination, il se tourna vers Anikà, en lui désignant l’immeuble de la main. Trois étages, sobre, propre. Puis il entra en saluant la concierge, une dame d’un certain âge qui n’avait nulle part où aller. Elle lui sourit gentiment en lui tendant son courrier, sans qu’aucune parole ne soit échangée. Elle savait que le scientifique n’était pas bavard, encore moins lorsqu’il rentrait d’une conférence. Pourtant le voir accompagné provoqua un vrai étonnement chez la femme, qui parût sincèrement heureuse. Elle se retira rapidement dans sa loge. Alors que Gaspard montait les escaliers.
Voilà, j’ai tout le dernier étage. Vous pourrez choisir votre chambre. Veillez seulement à éviter la pièce au fond à gauche, c’est mon bureau. Et la porte verte donne sur un escalier qui mène au toit, seulement elle a tendance à coincer donc si vous montez…essayez de penser à me prévenir.
II déverrouilla la porte et s’écarta pour la laisser entrer.
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Lun 19 Fév - 15:12
C’était si dur, d’accepter. De prononcer ces quelques mots qui menaçaient de lui arracher l’œsophage, ou de provoquer chez elle une énième crise de panique. Jusqu’au bout, la jeune femme s’attendait au pire. Un visage aimable qui se fissure et laisse apparaître le sourire du démon. Une catastrophe arrivée par hasard ou par sa faute ; un exorciste passant au détour d’un chemin et venant l’emporter pour la brûler sur un bûcher immense. Elle s’attendait à tout cela. Et pourtant.
Aucun de ces scénarios ne se réalisa. Gaspard prit juste le temps de finir son café. Egal à lui-même, imperturbable. Oh, comme elle l’envie pour cette assurance !
Aníka observe le scientifique du coin de l’eau. Son regard sur lui est certainement trop naïf, idéaliste, mais elle ne s’en rend pas tellement compte. La sorcière est méfiante par la force des choses ; mais il n’est pas dans sa nature d’être aussi amère. Si bien qu’à la moindre gentillesse, elle avait tendance à relâcher sa garde. Un défaut dont elle n’avait pas conscience, car le monde n’avait jamais eu l’occasion de provoquer chez elle cette énième désillusion. Elle s’autorisa un très mince sourire reconnaissant. Avant de baisser instinctivement le menton suite à ses paroles. — Bien, je suis content. Si vous avez terminé nous pouvons y aller.
Les paroles et le ton avaient été d’une telle autorité que la jeune femme s’était sentie comme une enfant, à nouveau, sous le joug d’un parent ou d’un professeur. Le regard un peu penaud, elle perdit tout à fait son sourire pour rentrer légèrement sa tête dans les épaules. On ne répondait pas à l’autorité. C’était comme ça. Et ses paroles la rappelaient immédiatement à sa place. Pourtant, presque aussitôt, Gaspard paru gêné. Remontant ses lunettes.
— Excusez-moi, je ne voulais pas vous parler de la sorte. Déformation professionnelle je suppose.
La jeune femme osa lui jeter un regard étonné. Pourquoi s’excuser ?... même ainsi, il lui parlait bien mieux que ce que la plupart des hommes n’avaient fait, durant son existence. Qu’on lui parle sur un tel ton ne l’avait pas choquée. Elle avait vu cela comme un rappel à l’ordre. Mais peut-être n’était-ce pas normal, qu’elle ait eu une telle réaction. Trop passive ? Peut-être. Pourtant, elle était loin d’être dénuée d’opinion. Mais lorsqu’il s’agissait de se faire une place… elle s’effaçait. Purement et simplement.
— Ce… ce n’est rien…
Se levant à sa suite, elle paru un peu gênée en le voyant payer pour eux deux, avant qu’ils ne se mettent en marche. La nécromancienne fut soulagée de voir qu’il ne chercha pas à lui offrir son bras. Refuser aurait été perçu comme une insulte, et le contact physique la mettait dans une détresse folle… une histoire sans fin.
— Je suis dans un petit appartement, le quartier n’est pas des plus réputés mais il ne craint rien.
La jeune femme acquiesça ; elle était restée silencieuse tout le long de leur marche, de toute manière incapable de commencer une conversation de sa propre initiative. Qu’ils soient ici ou dans les bas-fonds de l’East End ne la dérangeait pas tellement… de toute manière, elle ne connaissait pas assez la capitale pour savoir quels quartiers étaient potentiellement dangereux ou non. Bien qu’avec ses capacités, elle ne devrait en théorie pas craindre grand-chose. Mais sa nature craintive la rattrapait toujours.
Entrant dans l’immeuble indiqué par Gaspard, la jeune femme baissa la tête en voyant la femme les dévisager tous deux et esquisser un sourire. Ne comprenant pas, elle se contenta de le suivre, mal à l’aise avoir été le centre d’attention d’une tierce personne, même si cela n’avait duré qu’un instant. — Voilà, j’ai tout le dernier étage. Vous pourrez choisir votre chambre. Veillez seulement à éviter la pièce au fond à gauche, c’est mon bureau. Et la porte verte donne sur un escalier qui mène au toit, seulement elle a tendance à coincer donc si vous montez…essayez de penser à me prévenir.
Hochant la tête, elle s’engagea après un moment d’hésitation à travers la porte qu’il tenait ouverte pour elle, mal à l’aise. Pénétrer chez quelqu’un était une sensation toujours étrange. On se sentait comme un intrus, comme si on n’avait pas notre place dans ces lieux qui nous étaient totalement étrangers. Du moins, pour elle. Cet endroit était chargé de souvenirs… elle pouvait le sentir. Et elle pouvait également sentir autre chose. Le poids de la mort ; il imprégnait les lieux, le quartier. Beaucoup de gens étaient morts ici, récemment. Un violent frisson la secoua alors que ses yeux s’écarquillèrent. Heureusement qu’elle était encore dos à lui. Lorsqu’elle se retourna après hésitation pour le regarder, la jeune femme espéra qu’il ne réussisse pas à lire dans ses yeux pourtant beaucoup trop expressifs.
— Merci… c’est… chaleureux.
A vrai dire, elle n’avait pas tellement regardé les lieux. Trop estomaquée par cette omniprésence de la mort. La sorcière essaya de se concentrer un instant ; sentant l’aura humaine de Gaspard. Celle de la femme au rez-de-chaussée. Continuant, un peu sur ses gardes. Beaucoup de gens étaient morts aux alentours… et elle avait peur qu’un esprit malfaisant ne se soit formé. Car si c’était le cas, nul doute qu’il serait attiré par elle.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mer 28 Fév - 11:02
Elle ne s’était pas enfuie, n’avait pas cherché à discuter de la pluie ou du beau temps, estimant peut-être qu’ils n’en étaient plus à échanger des banalités. Le silence ne dérangeait pas Parker, marcher en observant la population, les alentours était son quotidien, qu’il ait quelqu’un à ses côtés ou non. Cela faisait aussi parti de son métier. Un vrai scientifique ne faisait pas que de lire des livres, supposer des choses et mélanger des liquides dans ses éprouvettes. L’observation était le plus gros du travail, le plus intéressant aussi. Seulement très peu l’avaient compris, parce qu’il fallait prendre le temps, et que parfois, ce que l’on voyait ne prenait sens que des jours voire des semaines après. Et ce monde qui allait beaucoup trop vite tolérait de moins en moins tout ce qu’il considérait comme une perte de temps.
Gapsard savait que les lieux n’avaient pas bonne réputation, même si la maladie était depuis longtemps au abonné absent, beaucoup de personnes se sentaient mal à l’aise dans des lieux qui avaient connu tant de souffrance, de mort. Certains prétendaient ressentir la même chose que dans cimetières. Il ne croyait pas en ces fabulations et pour rien au monde il ne quitterait cet endroit. L’endroit où il avait grandis et vu mourir son père et son frère, devenant ainsi l’homme de la famille. A l’époque il n’avait pas compris. Que c’était à lui d’assurer la survie de la famille. Il n’avait que cinq ans, et il avait laissé sa mère se tuer pour les élever lui et sa sœur du mieux possible. Il aurait dû observer, être conscient de ce qui se passait, savoir que les quintes de toux qu’il entendait chaque nuit n’étaient pas signe de guérison, que la maladie sortait comme lui répétait sa mère. Il s’en voulait. Et cette blessure ne se refermerait jamais totalement. On a beau dire que le temps efface les blessures ce n’est pas vrai. Le temps les recouvre par d’autres, il permet de penser à autre chose, mais jamais de passer à autre chose. Elles restent toujours quelque part en nous, attendant le moment propice pour recommencer à saigner. Mais ce moment n’était pas encore là. Pour la première fois depuis bien longtemps il avait une invitée. Et il comptait bien l’accueillir comme il se doit.
Elle n’avait pas l’air à l’aise, plus ou moins que dans la rue, c’était difficile à définir. On pouvait sentir qu’elle avait fait un gros effort pour le suivre et qu’elle prenait sur elle. Enfin c’était ce qu’il supposait. Il retira son manteau, l’accrochant à une pathère se trouvant dans l’entrée avant de s’avancer vers elle calmement.
— Merci… c’est… chaleureux.
Il laissa échapper un rire, face à cette remarque pour le moins inattendue. Quiconque serait entré dans cet appartement l’aurait qualifié de bien des choses mais pas vraiment de chaleureux. Sur le sol, des tapis permettant d’isoler le son provenant de l’appartement du bas, au mur quelques tableaux, défraîchi, du temps où une femme vivait encore dans ces lieux. Il n’y avait pas de poussière et tout semblait avoir une place bien précise à part en ce qui concernait les livres. Il y en avait dans chaque pièce. Certains n’étant que des romans, d’autres des traités scientifiques, d’autres encore parlant de mythologique où de philosophie. Tout semblait paisible. Pourtant on sentait bien que quelque chose manquait. Il n’y avait pas de photographies dans tout l’appartement.
Le dernier étage se composait d’une pièce à vivre, dans laquelle se trouvait un salon et ce qui pouvait ressembler à une salle à manger. C’était la pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer. On pouvait également y trouver une bibliothèque (ancienne chambre qui avait été reconvertie), deux chambres, un bureau, une salle de bain et la fameuse porte verte qui mène au toit.
Même si l’endroit faisait peur, chaque appartement était habité. Il devait y avoir quatre appartements en plus de celui de la concierge. Chacun possédant sa propre histoire et ses habitants. Cependant c’était dans les sous-sols de l’immeuble qu’on pouvait trouver les choses les plus sombres. Là-bas, Gaspard y avait entreposé certaines affaires, et y travaillait sur des choses qu’il ne pouvait pas faire dans son bureau. Là-bas, on pouvait sentir la peine des âmes perdues, et la douleur de ceux qui restent.
-Est-ce que tout va bien ?
Gaspard s’était avancé, ouvrant les rideaux pour faire entrer un peu de lumière dans l’appartement, avant de se tourner vers elle. Lorsqu’il était entré dans l’appartement, une ombre s’était éveillée également. Sa mère qui le couvait des yeux, elle semblait d’une tristesse infinie observant l’homme qui vaquait à ses occupations, et s’en allait préparer du thé et des biscuits. En effet, Gaspard pensait qu’il était préférable de laisser la jeune femme s’imprégner des lieux, sans la brusquer. Si elle avait besoin de lui, elle saurait où le trouver, l’appartement n’était pas si grand.
Invité
Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Mar 10 Avr - 12:08
Elle avait acquiescé doucement à sa question, évitant de le regarder, les yeux tournés vers un coin de mur. Au fil de sa concentration, son rythme cardiaque s’était sensiblement accéléré et elle n’était plus du tout à l’aise ; pas qu’elle l’ait jamais été, après tout. Trop sensible ; c’est ce que lui répétait sa douce mère, lorsqu’elle était enfant et que les fantômes des villages voisins venaient la troubler, de jour comme de nuit. Lorsque l’ancêtre mort la veille continuait de lui chuchoter au creux de l’oreille et qu’elle restait pétrifiée dans son lit, terrifiée.
Non. Ça n’allait décidément pas. La mort omniprésente autour d’eux, et ces âmes dans le sous-sol qu’elle pouvait sentir, leur présence, leur peine, toutes ces choses qu’aucun humain en ce monde n’aurait dû pouvoir être capable de discerner, mais qui l’atteignaient elle comme un coup de poing en pleine poitrine. Alors que Gaspard se détournait d’elle pour préparer ce qui semblait être du thé, la nécromancienne resta figée, une main portée à sa poitrine où la cicatrice sans cesse rouverte au niveau de son cœur lui semblait douloureuse. Dissimulée par cette robe, bien heureusement ; quiconque aurait vu l’état de son torse et de ses bras l’aurait immédiatement conduite à l’hôpital, ou l’aurait amenée à la police. S’ils s’en étaient inquiétés, bien évidemment.
Aníka se mit à trembler, levant les yeux vers le scientifique, les écarquillant en voyant l’ombre tout près de lui. La douceur de ses mouvements, ses déplacements, la tristesse dans son regard, dans ce qu’elle pouvait ressentir. Absolue. C’était trop fort, la nécromancienne n’arrivait plus à s’en détacher. Cela, combiné avec la noirceur qui habitait le sous-sol, et la mort dans ces lieux, ces âmes mortes de maladie qui n’avaient jamais tellement trouvé le repos… non. C’était trop.
La jeune femme ne se rendit pas compte immédiatement qu’elle pleurait, ayant un instant fermé les yeux pour tenter de se couper de tout cela ; en vain. Ainsi privée d’un sens, les autres s’éveillaient et lui faisaient ressentir d’autant plus ce qui aurait dû rester propre aux morts. Et elle sentit, dans cette âme en face d’elle, la maladie et la persévérance, et la tristesse, cette même tristesse qui, ajoutée à sa détresse, la fit sangloter silencieusement.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, le monde était trouble et ses joues maculées de larmes qu’elle ne pouvait plus arrêter. Aní prit son visage entre ses mains, son échine se baissant légèrement sous le coup d’une douleur qui n’était pas la sienne. Elle ne voulait rien d’autre que de l’apaiser, cette âme si triste qui le suivait, et toutes les autres qui erraient dans les lieux sans jamais pouvoir trouver de repos.
Mais elle doutait d’en avoir la force, et Gaspard ne comprendrait pas s’il la voyait réciter ses psaumes pour lui accorder la paix. Le faire devant lui serait un risque de réveiller bien d’autres fantômes du passé.
Et de brûler, comme on le lui avait promis.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Jeu 19 Avr - 19:10
Il était en train de disposer les petits gâteaux sur une assiette de porcelaine, un service qui avait appartenu à sa femme autrefois. A part le petit ça va, il n'avait pas eu d'autres réponses. Et il n'en attendait pas vraiment, elle semblait très fragile, timide. Une nouvelle fois il se demanda comment une femme comme elle pouvait survivre dans un milieu comme celui de Londres.
Lorsqu'il se retourna enfin, pour faire face à la jeune femme, il avait trouvé un nouveau sujet de discussion. Il avait peur d'être barbant avec ses théories et ses explications sur les mythes et les légendes, alors il avait prévu de parler de quelque chose de plus léger. De moins contraignant. Mais les paroles restèrent bloquées entre ses lèvres quand son regard se posa sur Anika.
Elle pleurait.
Et elle tremblait et elle semblait...sur le point de faire un malaise. Il posa rapidement l'assiette sur la table basse, à côté du canapé et se dirigea vers elle. Seulement, il se souvint qu'il ne fallait pas la toucher. Inutile d'ajouter une crise d'angoisse à ce qu'elle était en train de traverser. Il se contenta donc de dire bêtement.
-Non. Ça ne va pas.
La stupidité de sa réaction et de ses paroles le frappa de plein fouet. Quel idiot. Pas étonnant qu'il ait échoué plusieurs fois à devenir médecin. Il n'avait vraiment pas les bons réflexes. Tendant le bras dans sa direction, il continua de parler, des phrases courtes, simples, d'une voix calme. Comme si ce qu'elle était en train de faire ne l'inquiétait pas, qu'il était parfaitement normal de fondre en larmes en entrant dans un appartement. Pourtant on pouvait voir dans ses yeux qu'il réfléchissait. Il savait qu'il avait besoin de refaire la décoration, mais au point que les gens en pleurent c'était un peu gros.
-Vous semblez sur le point de défaillir. Asseyez vous s'il vous plaît.
Il restait là, debout, à quelques pas d'elle sans oser la toucher. La vieille femme elle, se désintéressa un moment de son fils, observant la jeune femme avec curiosité. Elle ne comprenait pas pourquoi elle pleurait, et adressa un regard lourd de reproche à Gaspard en lui faisant signe qu'il devait s'occuper d'Anika, la consoler, où au moins lui proposer un mouchoir. Pendant quelques secondes elle essaya de faire comprendre à Gaspard que rester planté n'était pas l'une des choses les plus réconfortantes qu'il pouvait faire. Mais elle finit par secouer la tête et adressa un petit sourire désolé à la nécromancienne.
Elle s'avança alors, de quelques pas, venant se placer à côté de lui. La ressemblance entre les deux était frappante. La vieille sourit doucement, en chuchotant.
-N'ayez pas peur. Ici il ne vous arrivera rien. Nous sommes des gentils.
La formulation sembla la faire rire et elle tourna le regard vers le scientifique, qui s'était enfin décidé à faire autre chose que de parler. Enfin...il était en train de s'excuser et cherchait partout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un mouchoir. Quand enfin il eut trouvé, il le tendit à Anika.
-Ce n'est pas pour que vous arrêtiez de pleurer, si ça vous fait du bien. Mais il peut être utile.
A ses paroles, la vieille secoua la tête, affligée. Son petit garçon, s'il était devenu un homme respectable, était vraiment nul en ce qui concerne les relations humaines...Elle aurait peut-être du passer plus de temps avec lui, à lui expliquer certaines choses comme l'empathie ou la considération pour autrui. Ce n'est pas qu'il en manquait, mais il ne savait pas les exprimer...
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Lun 16 Juil - 9:20
Elle n’en pouvait plus. Elle avait l’impression d’étouffer.
Les morts continuaient de pleurer autour d’elle, proche ou à l’autre bout de la rue. Cela ne faisait aucune différence pour la nécromancienne. Peut-être aurait-elle pu museler ce pouvoir, si seulement on le lui avait appris. Mais elle avait toujours été seule pour faire face aux aléas de ressentir les morts, et le démon ne lui avait appris que la destruction. Elle était incapable de se protéger elle-même.
— Non. Ça ne va pas.
Aní écarquilla les yeux en entendant la voix du scientifique. Si calme. Ce dernier ne semblait pas se soucier de sa faiblesse, en paraitre agacé. Mais… concerné ? Pourquoi donc ? Elle ne comprenait pas. Personne ne s’était jamais soucié de ce genre de choses non plus. Et lui… quelle souffrance devait être la sienne, pour vivre encore dans un lieu aussi sombre. Elle le savait, l’esprit à ses côtés devait être sa propre mère. Jamais partie, focalisée sur son petit garçon, l’unique enfant peut-être, qui lui-même s’était refusé à quitter ces lieux mortifères. Il n’apparut pas possible à la jeune femme que cette décision provienne d’une réflexion logique et non de l’affect. Après tout, elle peinait toujours avec cette notion d’argent et de biens.
Elle n’osa pas croiser son regard, quand bien même Gaspard tendit un bras dans sa direction. Soulagée qu’il ne la touche pas. C’aurait été pire.
— Vous semblez sur le point de défaillir. Asseyez-vous s'il vous plaît.
Malgré sa requête, la jeune femme resta paralysée sur place, venant finalement lever les yeux vers lui, du moins, dans sa direction. Car ce n’était pas Gaspard qu’elle se mit à fixer, mais la femme à ses côtés, ses traits accusant une ressemblance impossible à ignorer. Elle était si douce avec lui… si bienveillante. L’image de sa propre génitrice lui revenant en mémoire ne fit que redoubler ses larmes. Et pourtant, elle continuait de fixer cet esprit, sûrement invisible pour l’humain, comme un point dans le vide.
Les paroles de la femme eurent pour effet de la rassurer. Et a la fois. Elle fut encore plus désolée de savoir qu’une âme si bonne était restée piégée sur terre, alors qu’elle aurait dû rejoindre sa chère Hel dans l’au-delà.
— Ce n'est pas pour que vous arrêtiez de pleurer, si ça vous fait du bien. Mais il peut être utile.
Aníka, contrairement à la femme, ne sembla pas relever le caractère presque froid de ses paroles. Des constatations, presque scientifiques qui ne laissaient rien paraître de ses émotions à lui. Et pourtant. Elle se doutait bien que le scientifique n’était pas un être purement insensible, non. Il l’aurait laissée seule dans cette ville immense le cas échéant. Très doucement, la nécromancienne vînt se saisir du mouchoir, évitant de toucher ses doigts dans le processus, comme à son habitude.
— M…Merci…
Elle en perdait son anglais ; son accent redevenant catastrophique, sa grammaire se perdant dans le dédale de son esprit. Elle aurait voulu dire quelque chose. Elle ne savait plus comment l’exprimer.
— Désolée…
Baissant la tête, la jeune femme se décida enfin à faire quelques pas, et suivre sa requête pour s’installer sur le fauteuil le plus proche.
Melwyn
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR) Sam 15 Sep - 10:47
La jeune femme finit par se saisir du mouchoir, un carré blanc brodé aux initiales GP, une broderie maladroite en fil blanc. Il était logique qu'elle agisse de la sorte. On ne pouvait décemment pas rester dans cette situation, le visage défait et les larmes qui traçaient des sillons sur ses joues. Gaspard pensa un instant qu'il aurait du lui indiquer la salle de bain, pour qu'elle puisse se rafraîchir un peu. Mais peut être que rester seule n'était pas ce dont elle avait vraiment besoin pour le moment. Il le ferait lorsque la situation se sera un peu tassée. D'autant plus qu'il n'avait aucune idée de ce qui se passait en réalité.
Laissant un faible sourire se profiler sur ses lèvres il jeta un coup d'oeil à l'environnement. Cherchant ce qui aurait pu provoquer une peur, ou une douleur chez Anika.
« Je savais que mon goût pour la décoration n'était pas développé mais à ce point.. C'est moi qui m'excuse. »
En effet, ce n'était pas de la faute à cette femme si elle se retrouvait dans l'appartement du scientifique le moins apprécié du moment. Son esprit cartésien et borné lui avait valu que peu à peu les rares personnes qu'il fréquentaient s'étaient éloignées de lui. Mis à part Storm. Il hocha la tête, satisfait de la voir s'asseoir. Au moins elle était intelligente.
Il ne savait vraiment pas ce qu'il aurait pu faire si jamais elle était tombée dans les pommes. Sans la toucher ni la déplacer, il était assez difficile de lui porter secours. Lui laissant le temps de se remettre de ses émotions, Parker alla chercher le thé et les gâteaux qu'il posa sur la petite table entre les fauteuils. Le fantôme de sa mère lui ne quitta pas la pièce. Il semblait triste pour la jeune femme.
"Quel lourd fardeau vous portez là mademoiselle. »
Lorsque Gaspard revint, il s'installa en face d'elle. Il n'avait toujours pas trouvé ce qui pouvait l'angoisser de la sorte. Et machinalement il remonta ses lunettes sur le bout de son nez. Il fallait déjà la rassurer et si jamais elle ne voulait pas rester chez lui et bien...il n'irait pas jusqu'à dire qu'il comprenait mais il accepterait sa décision.
« Est-ce que vous allez mieux ? »
Il ne voulait pas se montrer trop curieux. Mais il ne voulait pas non plus la retrouver morte chez lui parce qu'elle aurait succombé à une crise de panique et qu'elle se serait suicidée. Non, la police ne devait pas venir chez lui. Il avait assez insisté sur ce point lorsqu'ils l'appelaient pour qu'il fasse certaines analyses pour eux. C'est toujours lui qui se déplace. Alors la situation était assez gênante. Et il resta là à attendre, prenant sa tasse de thé pour ne pas paraître grossier.
Le fantôme vînt se placer à côté de l'homme, flottant à quelques centimètres du sol. Elle sourit en montrant du doigt une urne placée sur le bureau. Ses cendres. Puis sa main se baissa doucement et elle fronça les sourcils alors qu'une sourde colère montait vers eux. Elle afficha un air désolé.
« C'est pour ça que je dois rester avec lui. »
La vieille femme passa à travers le plancher, pour aller à la rencontre de la source de la colère.
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Sujet: Re: Un long moment d'ennui (ANÍKA HELSDÓTTIR)